Depuis que nous sommes dans la crise tout a été dit, et le contraire de tout, si bien qu’il n’y a plus grand chose à ajouter. Tout a été fait, ou aurait pu être fait, ou aurait dû être fait, si bien que beaucoup ont dû s’agiter dans tous les sens pendant que les choses suivaient leur cours, quand d’autres n’ont pu que se replier dans leur cocon en attendant que cela passe. Alors que restera-t-il à dire et à faire quand on en sortira, quand tout sera remis en marche autour de nous et en nous, et que seront assumées les séquelles inévitables ?
Le FORUM a une proposition à vous faire : retenez un mot fort, une image éclairante, une chose intrigante, une seule, qui vous a frappés durant la crise. Pas une grosse colère ni une peur glaçante, laissons cela à la presse à sensations, mais une idée originale plutôt anodine, du style « tiens j’avais jamais pensé à ça ! ». Considérez cet élément recueilli comme l’amorce possible d’une nouveauté dans votre vie, et traduisez-le autant que possible en quelque chose à faire, un projet de réalisation ou d’exploration, ou quelque chose à étudier, un projet d’écriture ou d’illustration, bref en quelque chose de simple, de créatif et de dynamique, à garder pour soi ou à partager avec les amis, mais tout sauf un souvenir à ranger dans un tiroir.
Les plus suspicieux prendront cela pour de la thérapie post-traumatique, les plus intéressés pour de la rentabilisation du temps perdu, mais les plus naïfs, c’est-à-dire nous, le prendront comme un témoignage : nous sortons de la crise en étant toujours nous-mêmes, abîmés ou en forme, mais nous-mêmes, et créatifs jusque dans notre quotidien pour rester nous-mêmes, sans déni des événements qui ont été parfois durs, trop durs, sans esprit de revanche contre des forces qui nous dépassent mais que nous dépasserons. Nous nous remettons debout pour nous laisser appeler par l’avenir.
Jacques Mérienne, prêtre du Diocèse de Paris à l’Eglise Saint-Eustache