J’ai visionné dernièrement le clip d’une ONG de défense des Droits de l’Homme, et voici ce que l’on y voyait : pendant un match de football, une partie du stade s’était mise à pousser des grognements de singe quand un joueur de couleur noire avait sauté pour intercepter la balle avec sa poitrine. La réaction du public m’a glacé, bouleversé ! Le regard de cet homme humilié, blessé, était poignant… « Le Verbe s’est fait noir, et il fut humilié parmi nous ! » Nouvel Angélus ! Sonnez, les cloches, ou plutôt… le glas ! Je me suis senti tout proche de ce jeune joueur, oui, tout proche, et tellement loin de tous ces blancs qui étaient dans les gradins, haineux et beuglants, qui se dégradaient ainsi dans leur humanité, pour en remonter rapidement le cours vers l’amont de l’évolution, si bien que les primates se trouvaient parmi les spectateurs, et non pas sur le terrain. Mais combien d’autres tristes exemples en notre monde, au cours des siècles, et tout récemment, ces derniers temps, ces agressions mortelles aux USA.
Au chapitre 19 du Lévitique, là où l’on trouve ce commandement : « Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis Saint ! », on trouve aussi ce verset 18 : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Jésus est allé le chercher pour l’accoler au premier commandement : « Tu aimeras le Seigneur Ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit, de toute ta force… Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » C’est ainsi que Jésus, nous révélant tout à coup la folie de l’Amour de Dieu, a composé un seul commandement de l’Amour dû à Dieu et celui qui est dû au prochain. C’est bien dire là son autorité !
Et toujours au même chapitre 19 du Lévitique, au verset 34, on trouve une similitude étonnante avec le verset 18. Ce verset est composé sur le même schéma que le verset 18 : L’étranger qui réside avec vous sera pour vous comme un compatriote et tu l’aimeras comme toi-même, car vous avez été étrangers au pays d’Égypte. Je suis Yahvé votre Dieu. La similitude avec le verset 18 retenu par Jésus est frappante : « Tu aimeras ton prochain (et donc ici l’étranger) comme toi-même. » Bien sûr, le commandement d’aimer son prochain comme soi-même recouvre aussi l’étranger, ça pourrait tomber sous le sens, mais c’est quand même plus explicite quand le verset 34 nous le précise, car il n’est pas toujours évident de prendre conscience que l’étranger est aussi mon prochain. [Je prends le mot étranger au sens large : étrange, bizarre, pas comme nous, pas normal, et bien sûr, immigrés, réfugiés politiques, sans-papiers, personnes de couleur, de culture différente…] Et il est bon de savoir qu’aimer l’étranger comme soi-même est un chemin qui nous permettra de répondre à ce commandement global : « Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis Saint ! »
Jean-Marie Martin, prêtre de l’Oratoire à Paris