L’époque est difficile, les jours sont gris de nos craintes et contraintes, le temps pèse sur nos épaules. Comment partir et rester, comment attendre, comment garder pourtant notre impatience afin d’être prêts pour les jours nouveaux?
Imaginer et regarder autrement, inventer chaque instant, risquer un nouveau visage du réel. Nos masques créent des mystères étonnants, les yeux, le front, oui, nous les voyons, mais derrière ce voile épais, quels sont cette bouche, ce menton? Tous les portraits sont possibles!
Il y a aussi, pourquoi pas, les poubelles qui deviennent un bouquet fabuleux ou peut-être aussi un chapeau de fête hérissé de trésors naturels… voilà un chapeau de fête aborigène, une folle envolée au bout du monde. Attendre et rassembler toutes nos forces d’imagination pour résister avec patience et sans résignation stérile. Une flaque d’eau, stagnant sur le sol poussiéreux d’un jardin peut devenir mystérieusement la trace de la dernière vague sur la plage…
On peut aussi attendre et laisser les mots, le langage, la parole faire leur œuvre inépuisable de création. Lire , écouter, réciter
le chant des poètes: « La terre est bleue comme une orange » écrivait Eluard.
Se laisser prendre dans le sillage de la musique, de l’image, plonger dans l’univers de tout art, source de chemins d’aventures et garder tous nos sens en éveil pour rêver.
Et pourtant, il nous faut garder notre impatience dans la patience, nourrir le désir, la soif des jours à venir. Avec toute la confiance dont nous sommes capables, nous faisons le projet du lendemain qui ne sera pas hier.
Aimer, prendre le risque des possibles inconnus, ouvrir nos portes.
« Les guêpes fleurissent vert
L’aube se pose autour du cou
Un collier de fenêtres
Des ailes couvrent les feuilles
Tu as les joies solaires
Tout le soleil de la terre
Sur les chemins de ta beauté. »
L’amour, la poésie. Paul Eluard
Martine De Groote