Évangile du mardi 28 septembre 2021
Or il advint, comme s’accomplissait le temps où il devait être enlevé, qu’il prit résolument le chemin de Jérusalem et envoya des messagers en avant de lui. S’étant mis en route, ils entrèrent dans un village samaritain pour tout lui préparer. Mais on ne le reçut pas, parce qu’il faisait route vers Jérusalem. Ce que voyant, les disciples Jacques et Jean dirent : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions au feu de descendre du ciel et de les consumer ? » Mais, se retournant, il les réprimanda ? Et ils se mirent en route pour un autre village.
Luc 9, 51-56
Méditation
La réaction de Jacques et Jean est-elle mue par un tempérament incendiaire dont ils sont constitués ? Sont-ils même affligés de pulsions de pyromanes ? Voilà deux jeunes hommes bien bouillants, voire enflammés ! Ils ne doutent de rien : commander au ciel ! – Déjà, ce sont eux qui avaient fait demander à Jésus, par l’intermédiaire de leur mère, d’être placés de part et d’autre de lui en son Paradis –.
Jésus nous appelle à le suivre avec tout ce que nous sommes, nos tempéraments – de feu ou frileux –, nos manques, nos trop pleins, nos richesses, nos faiblesses, nos péchés, nos illusions, nos erreurs, nos conneries, nos projets, nos calculs, nos jalousies, nos jugements, etc… Jésus s’en moque, ce qu’il veut c’est toi qu’il appelle à le servir, le Royaume de Dieu se construit avec de l’humain, bien trempé ou anémié, de l’humus, trempé ou détrempé.
Mais de quel feu du ciel veulent parler les deux jeunes, lequel feu, d’après eux, aurait pour tâche de détruire ce village ? Au ciel on ne détruit pas, on reconstruit, on créé, on recrée, et si on brûle, c’est d’Amour, et d’Amour incandescent. Alors, Jésus, patient, mais ferme, les remet à leur place. Il les a appelés à le suivre, pressentant leurs capacités, il les aime, tels qu’ils sont, et il faut qu’il assume son choix. Leur place à ses côtés, ils l’auront, mais pas celle qu’ils convoitent.
On pourrait arguer que ce besoin qui tenaille Jacques et Jean, c’est-à-dire de détruire par le feu ce qui les contrarie, pourrait trouver son germe dans le pressentiment qui les habite qu’il leur sera bientôt confié une autre sorte d’embrasement.
Ce désir intense habite le cœur de Jésus, mais lui, il en connaît la finalité, à savoir embraser le monde d’Amour :
« Je suis venu allumer un feu sur la terre et comme il me tarde qu’il soit allumé. » Si Jacques et Jean ont déjà entendu Jésus proférer ces paroles, – et pourquoi ne les aurait-il pas proférés plusieurs fois si son impatience était aussi lancinante –, il a manqué à ses deux jeunes hommes le décodeur adéquat pour les comprendre :
le feu, c’est celui de l’Amour, celui de l’Esprit.
Jean-Marie Martin, prêtre de l’Oratoire à Paris