Saint-Eustache a bien commencé sa réflexion sur le synode, n’hésitons pas à nous engager encore davantage. Il ne s’agit pas seulement de la nécessaire mise en route, à long terme, d’une réforme de l’Eglise, suite aux dérives enfin dénoncées et reconnues par l’institution et son élite. Là-dessus il nous faut être fermes et obstinés, c’est déjà beaucoup. Mais il nous faut aller plus loin, il s’agit d’accomplir une double conversion : conversion de l’Eglise et conversion de nous-mêmes. Conversion de l’Eglise car si elle a pu faillir ainsi c’est qu’elle s’est détournée en partie de sa mission première : témoigner de la Bonne Nouvelle.
Au fil des ans (voire des siècles) elle est devenue narcissique et s’est repliée sur elle-même. Elle ne voulait plus témoigner mais s’imposer, plus prier mais ritualiser. Elle a cru qu’elle était propriétaire de son message au lieu d’accepter de le recevoir chaque jour de l’Esprit, comme le peuple recevait chaque jour la manne au désert. Elle n’écoutait plus ceux que le Seigneur lui adressait, les petits et les pauvres, et sa parole devenait inaudible car déconnectée des hommes et des femmes d’aujourd’hui, spécialement les jeunes générations. Conversion de nous-mêmes car c’est aussi notre foi, la foi de chacun de nous, qui est en jeu. Nous avons laissé notre Eglise nous échapper.
Elle s’est décentrée de sa mission car nous n’étions plus son cœur battant, nous le peuple de Dieu ! Si nos rassemblements créent une communion qui fasse de nous le Corps du Christ, alors nous retrouvons celui qui est centre de notre vie. Si nous aimons nos frères et sœurs comme nous-mêmes, alors le Seigneur est au milieu de nous. Rien ne bougera vraiment dans l’Eglise tant que notre foi sera timide et puérile. Nous avons besoin d’une foi vivante, donc libre et lumineuse. Provoquons-nous les uns les autres à plus de vitalité et de créativité, à plus d’humilité et d’amour.
Père Jacques Mérienne