Je me souviendrai de ce premier jour de printemps ensoleillé comme d’un rayon d’espérance au milieu du chaos : il y a eu la pandémie meurtrière et étouffante, à laquelle s’ajoutent maintenant la guerre absurde et terrifiante, bientôt la crise économique qui va encore maltraiter les plus pauvres, et notre Eglise divisée et blessée qui tarde à se reprendre en main, il y a eu tous ces hommes et femmes et enfants broyés par ces réalités morbides, avec comme toile de fond surréaliste un débat de politique électorale réduit à un médiocre jeu vidéo.
Alors c’est sûr, quand la lumière vient, la peine s’allège, mais pour qu’elle cesse intégralement, la lumière doit venir de nous, de chacun d’entre nous, elle doit renaître en nous, écartant toutes les défaites et toutes les morts pour laisser passer la vie source de joie et de paix.
En ce Carême je veux croire en l’homme, l’homme qui s’accomplit, l’homme qui crée, l’homme qui aime, et qui devient ainsi lui-même révélation du Dieu d’éternité venu parmi nous pour notre bonheur dans cet aujourd’hui sens dessus dessous, qui est venu en nous pour que nous vivions de sa vie en abondance.
Cette année, moins que jamais, notre Carême n’est un cheminement individuel de pénitence. Il est un engagement commun au sein de notre monde, de notre société, dans l’invention d’un temps présent où chaque homme, chaque femme, où chaque peuple, chaque nation puisse s’accomplir. Des grands mots à incarner dans des actions simples et directes qui nous mettent au service de nos frères.
Les initiatives à prendre sont multiples et variées, chacun fait son choix au cœur de sa vie, de commencements en recommencements. « Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque (René Char) ». Cette année plus que jamais l’Eglise et le monde ont besoin de notre vitalité.
Père Jacques Mérienne.