« Tous les athlètes à l’entraînement s’imposent une discipline sévère ; ils le font pour recevoir une couronne de laurier qui va se faner, et nous, pour une couronne qui ne se fane pas. »
Nous venons de courir un long marathon de plusieurs mois, et nous arrivons à son terme. Nous nous apprêtons à fêter la Pentecôte, après avoir célébré Pâques et la Résurrection du Christ. Mais, pour qu’il y eût résurrection, il fallait qu’il y eût mort d’homme – Homme-Dieu, bien évidemment –, et s’il y eut mort, il fallait bien qu’il y eût naissance : personne ne meurt qui ne soit vivant, et personne ne vit autrement qu’en naissant. Donc, nous avons commencé à cheminer dès le premier dimanche de l’Avent ; puis vint Noël, la joie de la Nativité et de la venue du Sauveur ; et puis, nous sommes entrés en Carême, lequel nous conduisit aux jours terribles de la Passion, et l’horreur de la mort du Christ, acceptée et vécue par amour pour chacun d’entre nous – un amour incommensurable et inégalable ! Et puis, sublime et inimaginable dénouement – incroyable, même pour ses disciples qu’Il avait prévenu : l’étonnante et bienheureuse Résurrection ! Puis vinrent les bouleversantes phases d’apparitions du Ressuscité, son Ascension auprès du Père, fêtée tout récemment, et enfin, la Pentecôte !
Il y a de quoi être à bout de souffle, ne pensez-vous pas ? Jésus lui-même ne le fut-il pas, à bout de souffle, jusqu’à le rendre, son Souffle ? Et s’il Le rend, c’est pour nous le transmettre, pour que nous en vivions. Pour que nous devenions, en quelques sortes, sauveurs par le souffle du Sauveur, libérateurs par le souffle du Libérateur, car nous sommes appelés à aimer de tous nos cœurs, de toutes nos âmes, de tous nos esprits, de toutes nos forces… soit, de toutes nos mains unies, de tous nos bras, de tous nos projets, de tous nos dons et capacités, de tous nos regards, de toute notre écoute… comme insufflés de résurrection ! “Quoi que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant par lui des actions de grâces à Dieu le Père”.
Alors, est-ce que nous allons nous écrouler à bout de souffle ? Non, tout commence, au contraire, tout recommence avec le Souffle de l’Esprit, dans la Roue de la liturgie, dans la Ruah, que nous apporte la Pentecôte, avec ses dons qui porteront – si nous les accueillons – des fruits d’amour, de joie, de paix, de patience, de bonté, de bienveillance, de fidélité, de douceur et de maîtrise de soi – pour que tout soit en état de germination, de régénérescence, de florissante fruition. Et que tout ressuscite pour de vrai ! Pour – de – vrai ! Malgré les attristantes, révoltantes, et inquiétantes nouvelles de notre actualité.
Après la Pentecôte, la liturgie nous fera prendre la couleur verte. Le vert de l’Espérance, de la Terre-Mère nourricière, la bonne terre accueillante du Semeur sortit pour semer. Regardons ces jeunes pousses vertes qui couvrent toute la surface du champ de notre vie. Quelle promesse de récolte, de moisson, de vie nouvelle ! Pendant ces longs mois, nous avons ensemencé le champ de nos vies, évitant les pierres du chemin, les ronces étouffantes, l’appétit des oiseaux, et nous avons accueilli et approfondi les principales étapes de la vie du Verbe de Dieu ensemencées dans et pour notre humanité.
“Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruits et que vous soyez pour moi des disciples.” (Jn15, 8)
1. I CO 9, 24-25
2. Col 3, 17
3 . Galates 5, 22-23
4. Allusion à Matt 13, 1-9
Jean-Marie Martin, Oratorien à Paris.