Livre des Proverbes 3, 27-31 (Lundi 19 septembre 2022)

Ne refuse pas un bienfait à qui tu le dois, quand ce geste est à ta portée. Ne dis pas à ton prochain : « Va-t’en, tu reviendras, je donnerai demain ! », alors que tu as de quoi. Ne travaille pas au malheur de ton prochain, alors qu’il vit sans méfiance auprès de toi. Ne cherche pas de vaine querelle à qui ne t’a pas fait de mal. N’envie pas l’homme violent, n’adopte pas ses procédés.

Méditation

« Ne refuse pas un bienfait à qui tu le dois ». Qui autour de moi mérite que je le rejoigne ? N’est-ce pas à tout homme que
nous avons à porter le geste qui l’humanise, le remet debout, comme l’Evangile nous le demande ? Puis cette précision
pleine de sagesse « quand ce geste est à ta portée ». Certes, il faut éviter l’idéalisme naïf, mais la facilité est grande de me
trouver de bonnes raisons pour retenir mes actes, et rechercher ma sécurité. Cette parole m’atteint au plus profond de
moi, de ma volonté d’être fidèle à la parole de Jésus, mais au même moment, elle croise ma faiblesse, mes lâchetés, mes
bonnes raisons de retenir mon bras, de taire mes paroles engagées, pour me replier sur un égoïsme et mon confort…
A qui dois-je être attentif en priorité ? Le pauvre, le faible, l’exclu nous dit l’Evangile, celui dont je n’ai pas su voir la larme
couler au coin du regard. Voir seulement l’autre, le « pas comme moi », qui dans sa différence reste mon frère… Certes, il
m’appartient comme dit le texte, de peser mes limites, mais n’ai-je pas trop souvent joué sur cette légitime attention
pour m’abstenir ? Parfois, par respect de lois dont le respect me donne bonne conscience, alors que la loi de l’amour
m’impose de les dépasser, d’aller au-delà. Avoir les mains propres, alors que parfois, les mains sales sont signes d’un
courage auquel nous invite le Seigneur au service de tous, de l’autre, de l’homme, dans une désobéissance qui rejoint ma
fidélité, à ce qu’en conscience je me sens le devoir de vivre, au service de qui je me dois. Ce texte m’interroge sur ma vie,
mes faiblesses, mes lâchetés, mais aussi, soyons honnête, sur ces moments d’extrême joie où je me suis senti en paix,
comme il faut, là où il le fallait et comme il le fallait, dans un discernement suivi d’actes où j’ai senti la présence de
l’Esprit, me disant : va, ose, aie le courage…
La légende du colibri éclaire souvent mes gestes et mes paroles, comme un prolongement de l’Évangile. Le colibri montre
goutte à goutte sa volonté d’éteindre la forêt en feu, sous le regard goguenard des autres animaux fuyant leurs
responsabilités. Le colibri a pris sa part. Nous avons nous aussi, à la mesure de nos moyens, à prendre notre part et à
défendre cette bonté du monde que chantait le créateur tout en nous en confiant sa réalisation. Cette part inscrite dans
le projet divin auquel j’ai à être fidèle et acteur.

Michel Dupuy, prêtre de l’Oratoire à La Valfine, dans le Jura