Première lecture du vendredi 28 octobre 2022
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens (2, 19-22)
Frères,
vous n’êtes plus des étrangers ni des gens de passage,
vous êtes concitoyens des saints,
vous êtes membres de la famille de Dieu,
car vous avez été intégrés dans la construction
qui a pour fondations les Apôtres et les prophètes ;
et la pierre angulaire, c’est le Christ Jésus lui-même.
En lui, toute la construction s’élève harmonieusement
pour devenir un temple saint dans le Seigneur.
En lui, vous êtes, vous aussi, les éléments d’une même construction
pour devenir une demeure de Dieu par l’Esprit Saint.
– Parole du Seigneur.
Méditation : « Vous êtes concitoyens des saints »
Nous ne savons pas qui est le rédacteur de cette épître aux Ephésiens mais elle s’inscrit dans la foi universaliste de Paul. Cette lettre magnifique propose une vision grandiose de la vocation et de la mission de l’Eglise, rassemblement indispensable et provident de l’humanité qui nous remet sans cesse face au mystère du Christ et de son amour. Car le Christ aime l’Eglise qu’il s’est donnée. Tremblons d’en déformer ou pervertir l’identité profonde, toujours nuptiale.
Le passage que nous méditons aujourd’hui en cette fête des apôtres Simon et Jude nous rappelle la condition concrète de bien des femmes et des hommes de ce monde méditerranéen antique, si loin, si proche. Beaucoup se vivaient comme étrangers à la civilisation dominante, gréco-romaine, pétrie d’humanisme classique, de culture politique et juridique, unifiée par la langue, les armes, et un consensus de valeurs. Barbares, métèques, pérégrins, étrangers… Les mots ne manquaient pas pour désigner cette exclusion des structures et des rites de la cité. A commencer par ce dernier mot même de cité, promesse d’une identité et d’une communauté. Plus tard, du temps de la chrétienté sacrale et médiévale, le mot de païen (paysan) jouera encore ce rôle d’exclusion. Reprenant l’accusation de rusticité et de superstition que l’on portait sur les populations rurales.
L’Epître aux Ephésiens nous propose un tout autre chemin. Une communion nouvelle, une manière de tisser des relations et d’édifier la cité terrestre tout autrement. Certes les philosophes stoïciens avaient déjà dit que l’homme était citoyen du monde, ils avaient déjà l’intuition du village planétaire ! Mais ici il n’est pas question d’appartenance abstraite et vide. La mondialisation libérale moderne n’est qu’une ébauche très imparfaite de ce destin nouveau auquel nous ouvre l’Epître ! « Vous n’êtes plus des étrangers ni des gens de passage, vous êtes concitoyens des saints, vous êtes membres de la famille de Dieu. » Cette Ecclésia, cette Eglise n’est pas une simple communauté, close et sociologique. Elle nous rend concitoyens et même contemporains des saints et du Christ lui-même qui nous infuse sa vie. Elle nous enracine au-delà de nos propres vies et nous tourne vers la Patrie divine !
Jérôme Prigent, oratorien à Paris