Le Carême que nous vivons est celui de chacun d’entre nous et en même temps celui de l’Église, car la foi ce n’est pas chacun pour soi. Oui je peux devenir meilleur si je fais des efforts, si je me libère au moins pour un temps de mes mauvaises habitudes, ou si plus sérieusement je me convertis pour aller au plus près de ce que je devrais et voudrais être. Et je vis cela en communion avec tous mes frères et sœurs qui font de même, profitant de la conscience que nous donne le Carême de pouvoir bouger et avancer dans le bon sens. Chacun trace son chemin en fonction de ce qu’il est et de ce qu’il vit, évitant les dangers d’une pénitence culpabilisante pour choisir un éveil qui ouvre aux autres et à la lumière. Mais le Carême est aussi le temps pendant lequel l’Église dans son ensemble, tant comme communauté particulière à l’échelle d’une paroisse, que comme assemblée universelle à l’échelle de notre société, redécouvre qu’elle est le Corps du Christ, et qu’elle doit en témoigner par ce qu’elle proclame et par ce que l’on vit en son sein. Et en ce moment, à l’occasion de notre Carême, il y a beaucoup de pain sur la planche : notre Église est de plus en plus sujette à des critiques et à des contestations qui s’expriment haut et fort, et souvent bien fondées, cela va des fautes enfin dévoilées et très lentement prises en compte, aux divisions idéologiques, entre traditionalistes refusant toute compromission avec le monde et progressistes s’ouvrant aux valeurs et aspirations actuelles. Le Corps du Christ dans tout ça… ça attendra ? La communion entres les fidèles au seins des communautés… ça attendra ? Le témoignage que l’Évangile reste une clef pour notre temps… ça attendra ? Non, cela ne peut attendre, cela ne doit pas attendre, cela n’attendra pas, car c’est aujourd’hui, pendant ce Carême-ci, que nous recevons chacun et tous ensemble la grâce qui nous permet d’aimer tous nos frères et sœurs comme Jésus nous a aimés.
Père Jacques Mérienne, vicaire à Saint-Eustache.