Saint-Eustache, c’est d’abord une église, un bâtiment exceptionnel qui a vécu au coeur de la capitale et a vibré avec ses évolutions, qu’il s’agisse de la tête de l’État (le roi, les grands) ou de son peuple (les Halles). Ce bâtiment et son histoire, aujourd’hui encore, nous obligent. L’Oratoire de France a hérité de cette église et lui a imprimé sa marque propre, place centrale du Christ et de la liturgie, ouverture à l’autre et dialogue avec la culture. Toutes ces caractéristiques – un bâtiment exceptionnel, royal et populaire, confié à une congrégation ouverte sur le monde – forment le soubassement de toute vie ecclésiale à Saint-Eustache. Un projet pastoral cohérent doit commencer par les accueillir, les honorer, les prolonger, les creuser et, ce faisant, les faire évoluer pour mieux s’adapter aux réalités du temps.
Habiter l’église
La première action à imaginer et à poursuivre c’est faire en sorte que cette église, ce bâtiment, soit habité. Que ceux qui y pénètrent, par hasard, par habitude, pour visiter ou pour prier, sentent qu’il s’y passe quelque chose, que l’on peut s’y arrêter, s’y asseoir, prendre du temps. C’est pour cela que l’on insiste tant sur l’ouverture des portes, sur la réhabilitation des orgues, sur l’équipement mobilier – les bancs, les lumières, l’autel…
Bien sûr, cette accentuation entraîne le risque de nous rendre aveugles sur nous-mêmes, sur notre patrimoine intérieur, sur les multiples solidarités qui nous incombent car notre quartier est à la peine. Sa détresse humaine et sociale est à la mesure de sa richesse et de sa notoriété. Elle se concrétise par la misère humaine et morale, la déshumanisation, l’isolement, elle touche bien sûr les sdf mais aussi certains des membres de la communauté.
Accueil
C’est pourquoi l’église doit rester accueillante à tous. Aux paroissiens – du territoire ou de coeur – aux diocésains, aux voisins, notamment aux amis de l’Oratoire du Louvre, aux hommes et femmes de bonne volonté, aux gens qui passent, aux gens qui croient autrement ou qui ne croient pas du tout, aux touristes, aux sdf, à ceux qui s’interrogent et que l’on appelait les « personnes du seuil ».
Cet état d’esprit doit marquer l’ensemble des axes de Saint-Eustache, il doit aussi très concrètement s’organiser dans l’église et dans les diverses activités et missions paroissiales
Ouverture
La paroisse doit être particulièrement ouverte à ceux qui sont en recherche, à ceux qui voient leur foi questionnée par les évolutions du temps… Il s’agit de prendre les personnes où elles en sont, et d’entamer à tous les niveaux, particulièrement artistique, un dialogue fécond avec la culture contemporaine.
Cela se concrétise dans les prédications, dans l’attention portée à l’art contemporain, dans l’œcuménisme ou dans les diverses conférences-débat accueillies à la paroisse ou réalisées à son initiative. Là aussi cet état d’esprit doit marquer toutes les activités paroissiales.
Rayonner
Enfin la communauté paroissiale doit rayonner. Cela part du centre, de la Parole tout d’abord qui illumine la personne et le monde, mais cela part surtout de ce que le Concile appelle « la source et le sommet de la vie chrétienne », la liturgie. Pour elle, il s’agit de réinventer une beauté « sacrée » pour aujourd’hui qui allie l’ancien et le nouveau. Mais la liturgie est un envoi. Les activités de solidarité s’inscrivent dans cette dynamique où il ne s’agit pas d’« aider » mais de faire participer à quelque chose qui remet la personne debout.