« L’autre n’est pas une menace. L’autre n’est pas un concurrent dans une bataille sans fin pour la survie du plus fort. L’autre n’est pas un mal qui doit être marginalisé ou éliminé », déclare Mgr Auza: « L’autre est un bien objectif et subjectif ».
La Mission permanente d’observation du Saint-Siège auprès de l’ONU a organisé un événement parallèle intitulé « L’Autre est un bien pour moi : le rôle du dialogue interreligieux et interculturel dans la lutte contre la violence et les conflits », le 13 octobre 2017, à New York.
Le titre se base sur un sous-titre tiré du livre “Disarming Beauty” par le p. Julián Carrón, président de Communion et Libération, qui a co-sponsorisé l’événement.
L’événement – ainsi que le livre – visaient à s’attaquer aux causes profondes des problèmes sociaux courants, ainsi qu’à promouvoir le dialogue et la culture de la rencontre nécessaires pour les résoudre.
Voici la traduction de Zénit de la synthèse en anglais proposée par la Mission du Saint-Siège.
L’autre n’est pas une menace
« Mgr Auza, observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies, a déclaré que le dialogue interpersonnel était essentiel à l’instauration d’une paix durable, que ce soit au niveau interpersonnel ou international, et devait être enraciné dans une volonté sincère de comprendre l’autre.
Il a également noté que, bien que les différents partis puissent avoir des points de vue différents, il est important qu’ils se rapprochent les uns des autres et qu’ils reconnaissent les éléments de la bonté commune et du terrain d’entente.
« Dans différents endroits aujourd’hui, malheureusement, les gens peuvent tellement se concentrer sur ce qui divise au lieu de ce qui unit », a déclaré Mgr Auza. « Il a été difficile d’accepter les différences, qu’elles soient religieuses, politiques ou culturelles ».
Reconnaître la bonté inhérente à chaque personne peut faire passer le paradigme du conflit à la compréhension mutuelle, a-t-il dit.
« L’autre n’est pas une menace. L’autre n’est pas un concurrent dans une bataille sans fin pour la survie du plus fort. L’autre n’est pas un mal qui doit être marginalisé ou éliminé », a déclaré Mgr Auza. « L’autre est un bien objectif et subjectif ».
Il a noté un principe du pape François sur le dialogue interreligieux et interculturel, l’idée de “caminar juntos”, l’espagnol pour “cheminer ensemble” qui suggère que, lorsque des personnes de cultures et de milieux différents commencent à marcher ensemble, elles réalisent leur humanité commune et approfondissent leur vision du monde et leur sens du respect mutuel. Ce respect mutuel, selon Mgr Auza, est nécessaire pour construire une paix durable entre les personnes et les nations.
Le professeur Paolo Carozza, directeur de l’Institut Helen Kellogg pour les études internationales à l’Université Notre Dame, a modéré l’événement et a déclaré qu’un grand paradoxe de l’ère moderne est que, alors que les gens vivent dans une interconnexion mondiale sans précédent, ils sont aussi confrontés à une division et un conflit croissant dans l’identité, la culture, la religion et la politique.
Il a noté que dans les couloirs de l’ONU, les États appellent régulièrement à un plus grand dialogue pour résoudre les crises majeures dans le monde, mais n’ont pas réussi à atténuer les conflits et à y mettre fin.
« Cet appel à un plus grand dialogue est contré par des menaces d’une force accrue et même d’une attaque nucléaire », a-t-il déclaré. Le livre de Carrón aborde les causes des crises qui, selon lui, sont enracinées dans un manque de « sentiment d’appartenance, d’effilochage d’une culture de valeurs communes, de disparition de notre capacité à comprendre et à raisonner ensemble sur les fins et le sens de nos vies et nos communautés ».
Le p. Carrón affirme que la beauté est un fil commun qui unit toute l’humanité et peut unir les gens sans distinction de culture ou de croyance, impliquant des personnes, des communautés, des gouvernements et des plates-formes internationales. La rencontre partagée de la beauté a un effet « désarmant ».
« Comme le disait le pape François, le dialogue commence par la rencontre. Encouragez des rencontres significatives et cela construira une paix durable », a déclaré le p. Carrón.
Le professeur Amitai Etzioni, directeur de l’Institut d’études sur la politique communautaire de l’Université George Washington, a déclaré que les gens doivent être conscients non seulement de leurs droits individuels mais aussi de leur responsabilité envers leur communauté et que l’éducation joue un rôle important dans l’enseignement de l’art du dialogue et du respect mutuel.
« La vie est une lutte entre notre humanité imparfaite et notre capacité à atteindre un plus haut niveau d’accomplissement. Nous avons besoin d’une éducation du caractère », a-t-il dit, soulignant que les traits les plus importants que les communautés doivent inculquer aux enfants sont la gratification tardive et l’empathie.
L’ambassadeur Teodoro Lopez Locsin, représentant permanent de la République des Philippines auprès des Nations Unies, a suggéré que la religion ait sa place à la table de la consolidation de la paix, soulignant que la foi authentique doit être enracinée dans un lieu d’humilité, où les personnes réalisent qu’elles ne peuvent pas seules répondre à toutes les questions les plus fondamentales de la vie.
« Quand quelqu’un a trouvé une réponse religieuse, il devrait considérer l’autre d’une même foi – ou d’une autre foi ou sans aucune foi – comme son semblable », a-t-il dit : « Une personne pleine d’un étonnement craintif qu’il doit traiter comme il le ferait envers lui-même ».
L’ambassadrice Ina Hagniningtyas Krisnamurthi, représentante permanente adjointe de la Mission indonésienne auprès des Nations Unies, a déclaré que si la religion était parfois mal utilisée pour exacerber l’intolérance et les conflits, le dialogue interreligieux et interculturel pouvait aider à construire les ponts nécessaires pour considérer la diversité comme un bien, ce qui est un pilier de son pays, dans lequel 750 dialectes différents sont parlés, et plusieurs religions du monde sont pratiquées.
Les pères fondateurs de l’Indonésie ont reconnu qu’il y a une vérité universelle sur laquelle reposent de nombreuses croyances. C’est pourquoi le pays a adopté la devise « l’unité dans la diversité » et célèbre plusieurs fêtes nationales de différentes confessions. »
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat