20 septembre : combien savent que c’est le jour de la saint Eustache, le principal patron de notre église ? Peu sans doute. En outre que sait-on de cette figure ? Et qu’a-t-elle à nous dire ?
Il s’appelait d’abord Placide, de son nom latin. Il devint Eustathe lors de son baptême. Et nous l’appelons quant à nous Eustache. Dans tous les cas cela signifie la même chose : calme, tranquille. Et pourtant il pratiquait le métier des armes, étant général dans l’armée romaine, très apprécié de l’empereur Trajan pour ses compétences militaires. Il était aussi doté de qualités humaines et capable d’attention à autrui. Entre autres passions, sa légende nous rapporte qu’il aimait la chasse. Cela nous importerait peu si ce n’était au cours d’une chasse que, voyant le Christ dans les bois d’un cerf, il entendit l’appel à la conversion et devint chrétien, lui et toute sa maisonnée : Tatiana, sa femme, prit le nom de Théopisté, tout comme l’un de ses enfant qui s’appela dès lors Théospistos – ce qui signifie « celle/celui qui croit en Dieu ». Son autre fils prit le nom d’Agapios : « celui qui est plein d’amour ».
Mais la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Si vous avez la curiosité de lire le résumé de la vie de notre saint patron vous verrez ce par quoi il a dû passer : la perte de tous ses biens et de tous ses proches mais aussi les retrouvailles avec ses derniers. En somme une vie humaine comme les autres ou le meilleur et le pire se côtoient, mais vécue avec le Christ.
Le sceau de cette histoire, c’est tout le même un drame : la mise à mort. En effet, à Trajan succéda Hadrien qui ne badinait pas avec la dévotion dûe aux dieux de la cité. Fidèle à sa foi, Eustache refusa d’honorer ce en quoi il ne croyait pas. La sanction fut sans appel : la mort pour lui et les siens.
A quoi bon rappeler cette histoire ? D’abord pour qu’elle ne soit pas du tout au tout effacée de nos mémoires mais aussi parce que si cette légende vient jusqu’à nous, c’est sans doute pour que nous en tirions quelque peu matière à méditer : avec Eustache, le calme, le tranquille, nous aspirons à la sérénité et à la paix. Nous la recherchons et la poursuivons. Notre église, ici au cœur de Paris, au cœur des Halles a vocation à offrir un espace de repos, de sérénité, de recueillement à tous ceux et celles qui le souhaitent et en ont besoin. Avec Eustache le témoin, le martyr, nous revendiquons aussi notre liberté et celle de tout être humain : liberté de faire nos choix, surtout ceux qui nous engagent le plus profondément, sans qu’aucun obstacle ne vienne entraver notre chemin, sans qu’aucune volonté ne s’autorise à nous imposer sa loi ou son pouvoir.
Sérénité et liberté : tout un programme pour une vie vécue aussi pleinement que possible, pour chacun et chacune. C’est le chemin sur lequel notre assemblée continue de marcher. Une nouvelle étape commence avec cette rentrée de l’année 2018-2019. Une étape à vivre ensemble !
Gilles-Hervé Masson, dominicain, vicaire.