« Un pauvre crie, le Seigneur entend » (Ps 33, 7). C’est par la parole du psaume que le Pape François ouvre son message pour la journée mondiale des pauvres du 18 novembre prochain. J’ai la joie de célébrer la messe à Saint-Eustache parmi vous, de célébrer le grand mystère de la Foi, quand descend parmi nous le Christ sous les apparences si simples du pain. Le Seigneur s’est fait pauvre, lui qui était riche. L’abbé Huvelin, qui a été l’instrument de la conversion de Charles de Foucauld à saint Augustin, disait : « Il a tellement pris la dernière place que personne ne pourra la lui enlever ». « Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous » dit l’apôtre Jean. Il est né pauvrement, il a vécu simplement dans l’ordinaire des jours, il s’est fait obéissant jusqu’à la mort et la mort de la Croix. Jésus a tout assumé et a tout accueilli, les joies et les peines, les grandes joies et les détresses les plus profondes de l’âme et du corps. En cette journée des pauvres, c’est d’abord Lui que nous voulons célébrer.
La parole du psaume nous rappelle que l’état de pauvreté ne se mesure pas d’abord à une réalité sociale ou matérielle. Le pauvre est celui qui crie vers Dieu, qui accepte de tout entier dépendre de Celui en qui nous avons « la vie, le mouvement et l’être » (Ac 17, 28). Nous sommes radicalement dépendants de Dieu et des autres. S’abandonner dans les mains d’un autre constitue le contraire de ce que vit notre société individualiste. L’autonomie qui veut dire : « je me suffis à moi-même, je ne veux dépendre de personne », n’est que l’illusion de l’indépendance. Elle favorise l’exclusion, la précarité et la peur. Elle engendre la violence et la haine. L16a beauté de l’homme est de dépendre d’un autre, et, plus que tout, de dépendre de Dieu.
L’évangéliste Marc évoque l’aveugle Bartimée, un mendiant au bord du chemin (Mc 10, 46-52). Lui aussi se met à crier : « Fils de David, aie pitié de moi ». La foule le fait taire, puis finalement l’appelle et le conduit au Christ. L’Église, représentée par cette foule, peut nous sembler parfois un écran, nous empêcher d’accéder au Seigneur à cause du péché de ses membres, mais je veux rendre grâce pour tous ceux qui, si nombreux dans l’Église, conduisent les pauvres à Jésus, par leur aide matérielle, leur présence, leur souci des plus petits d’entre nos frères. Je veux rendre grâce pour tous ceux qui, souvent en silence, acteurs discrets de l’Amour de Dieu, disent au mendiant sur le bord du chemin : « Confiance, lève-toi, il t’appelle ».
+Michel AUPETIT, archevêque de Paris