Étant parti de là, Jésus vint au bord de la mer de Galilée. Il gravit la montagne, et là il s’assit. […] Jésus, cependant, appela à lui ses disciples et leur dit : « J’ai pitié de la foule, car voilà déjà trois jours qu’ils restent auprès de moi et ils n’ont pas de quoi manger. Les renvoyer à jeun, je ne le veux pas : ils pourraient défaillir en route. » Les disciples lui disent : « Où prendrons-nous, dans un désert, assez de pains pour rassasier une telle foule ? » Jésus leur dit : « Combien de pains avez-vous ? » – « Sept, dirent-ils, et quelques petits poissons. » Alors il ordonna à la foule de s’étendre à terre ; puis il prit les sept pains et les poissons, rendit grâces, les rompit et il les donnait à ses disciples, qui les donnaient à la foule. Tous mangèrent et furent rassasiés, et des morceaux qui restaient on ramassa sept pleines corbeilles !
Matthieu 15, 29. 32-37
Méditation
Ce qui s’est déroulé sur la Montagne ce jour là où les foules s’entassaient autour de Jésus, écoutant sa parole, nous ne le saurons jamais. Laissons aux affabulateurs le soin d’exercer leur imagination. Matthieu, cela semble certain, comme les autres évangélistes, en a donné une lecture marquée par ce qui s’est passé à la Cène ou du moins par la formule liturgique qui en a formalisé brièvement le déroulement et les paroles. « Il prit le pain, leva les yeux, il rendit grâce, le rompit et le leur donna » ; nous ne sommes pas dans l’histoire mais dans la relecture que Matthieu nous en donne…
Puisant à l’Ancien Testament, je souscris au fait « que l’homme ne se nourrit pas seulement de pain, mais de tout ce qui sort de la bouche de Yahvé » l’Evangile aidant, « de la bouche de Jésus ». PAIN-PAROLE, qu’il appartient aux disciples de distribuer (Pain) et de donner à entendre (Parole). « Donnez-leur vous-mêmes à manger », trouvons-nous dans d’autres récits de cet événement, ce qu’ils feront, et que nous avons, à notre tour, à poursuivre?
2000 ans après c’est à nous, chrétiens : ensemble, prêtres et laïcs par le sacerdoce baptismal reçu, que cette demande est adressée, PAIN-PAROLE, pour déjà nous-mêmes nous nourrir, puis en témoigner par nos vies, donc en être les messagers. Il n’y avait pas de prêtres assis sur l’herbe fraîche pour entendre : « Donnez-leur vous-mêmes à manger », pas de prêtres autour de la table à la Cène où femmes – pourquoi pas ? – et hommes entendirent l’appel « Faites ceci en Mémoire de moi ». Les deux récits se complètent, se prolongent, chacun de nous reçoit cette mission : vivre et accomplir ces Paroles, les porter aux imprévus de nos rencontres, apportant à nos communautés selon les compétences particulières, et les ministères confiés, ce Pain-Parole.
Encore faut-il que mon paraître chrétien reflète en vérité mon être chrétien… Ce n’est jamais gagné !
Michel Dupuy, prêtre de l’Oratoire à la Valfine, Jura