Surprenante Bible ! Dans les premiers et les derniers conseils de ce passage, on a l’impression d’entendre un discours adressé aux riches et aux puissants de notre XXIème siècle par des Gilets jaunes ou par d’autres personnes qui souffrent des inégalités sociétales : des capitalistes arrogants accumulent les richesses par millions d’euros ou de dollars ; elles semblent leur seule raison de vivre, ils se reposent sur elles comme si elles garantissaient leur sécurité. Ça ne les empêchera pas de mourir, voire d’être inculpés par la justice des tribunaux si des malversations sont découvertes. Je ne nomme personne, mais bien des noms viennent à l’esprit.
Dans les versets centraux, toute personne est davantage concernée. Croire en la miséricorde du Seigneur, c’est légitime. Jésus ne disait-il pas : « Montrez-vous compatissants, comme votre Père est compatissant » (Luc 6, 36) ? On consonne avec Sira le Sage lorsqu’il remarque que l’on peut abuser de la compassion divine : puisque Dieu pardonne, il n’y aurait pas de raison de chercher à éviter le péché. Le risque d’un tel abus est réel. Là où l’on est moins à l’aise, c’est lorsque le sage parle de punition, de colère et de courroux divins. On croirait entendre les paroles vieillies du Minuit ! Chrétiens : … « et de son Père apaiser le courroux. » Ce n’est pas en ce Dieu-là que nous croyons.
Les recueils de sentences bibliques soufflent souvent le chaud et le froid. Toute la Bible rappelle que l’argent est un mauvais serviteur et un mauvais maître. Toute la Bible affirme que Dieu est miséricordieux et qu’il ne faut pas pour autant abuser de cette miséricorde. Certaines sentences insistent sur un aspect de ces vérités, d’autres insistent sur d’autres. Toutes sont à méditer. Aucune n’est à elle seule « parole d’Evangile ».
Michel Quesnel, prêtre de l’Oratoire à Lyon