Le temps de Carême nous invite à nous mettre à la suite de Celui qui n’a « pas une pierre où poser la tête » (Mt. 8,20) . Les premiers chrétiens, eux-mêmes, se considéraient comme des exilés sur cette terre 1. Dans une société où le confort, le bien-être, le prendre soin de soi, sont primordiaux comment y concilier la suite du Christ ? En quoi évitons-nous un cloisonnement entre la vie spirituelle et notre vie sociale au profit d’une unification des toutes les dimensions de notre être propre à celles et ceux dont la vie est unifiée en Dieu ? Ce petit édito ne répondra pas de manière exhaustive à ces questions, mais peut-être nous mettra-t-il en chemin ?

Une manière de nous laisser travailler par le tout Autre est pour moi, de rencontrer des réfugiés et des demandeurs d’asile. Bien souvent à leur contact, je prends une leçon d’humanité, non qu’ils soient des personnes meilleures que d’autres – pas moins bonnes non plus ! – mais parce que le dépouillement dans lequel ils se trouvent, la rudesse de leur exil, le regard qu’ils portent sur la vie, une forme d’humilité m’éclairent. Ainsi J. qui vit dans un gymnase, sans logement à partir de lundi prochain m’a dit cette semaine : « Antoine, j’ai lu les psaumes, j’ai confiance ».

Ma communauté est famille d’accueil pour JRS Welcome, à chaque nouvel accueillant, de nouvelles découvertes. Nous accueillons, non pour nous vanter, mais parce que nous pouvons le faire, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. L’accueil peut aussi se vivre le temps d’un repas, d’une pause dans le métro. Certes pour moi il prend la figure de l’étranger, pour d’autres il prend la figure du pauvre, de la veuve, du malade…

Au cœur de l’accueil se tisse l’accueil de notre propre humanité qui se partage et se reçoit sans cesse d’un autre. La rencontre du réfugié nous convoque à puiser dans nos ressources, à développer de nouvelles capacités – et pas qu’en langue ! -, à accepter nos limites, en un mot à être, vraiment femme, vraiment homme. Cela rejaillit dans toutes nos relations et nous conforme à Celui qui est vraiment homme et vraiment Dieu, le Christ Notre Seigneur.

« En ce Carême Seigneur, accueille-nous, comme nous accueillons aussi celui qui nous est étranger » !

Antoine Paumard s.j directeur de JRS France 2

1 Epître à Diognète, §5 « Les chrétiens résident chacun dans sa propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés. […] Toute terre étrangère leur est une patrie et toute patrie une terre étrangère ».
2 JRS France, Jesuit Refugee France, www.jrsfrance.org


« Accueillir, protéger, promouvoir et intégrer les migrants et les réfugiés »
Pape François

Vous souhaitez participer à un meilleur accueil des réfugiés en France ?

Par exemple, selon vos disponibilités, avec Jesuit Refugee Service vous pouvez vous investir de différentes manières :

2h par semaine : tuteur ou tutrice d’un demandeur d’asile, accompagnateur d’un réfugié, répétiteur de français, mises à niveau (en écriture, calcul, culture générale, informatique), participant à des ateliers de théâtre, danse, cuisine, yoga avec JRS Welcome Jeunes.

Une demi-journée par semaine : coordonner les répétiteurs de français, participer à la communication de JRS, faire l’accueil dans nos bureaux de Paris (rue d’Assas, 75006).

Vous pouvez offrir une chambre pendant un mois (environ) ?
L’action « JRS Welcome » vous invite à vivre une relation bienveillante avec un demandeur d’asile ( donc en situation régulière mais sans hébergement). Vous êtes invités à vivre une hospitalité gratuite et réciproque sans vous occuper  des démarches administratives.

Vous pouvez accueillir un week-end ou un temps de vacances ?
La détente partagée est le meilleur moyen de connaître l’autre et de renouveler les idées.