« L’Église ne sera plus comme avant. » se dit-il à la conférence des évêques de France en référence à ce que vous savez. Mais en cette fin de carême je voudrais préciser la formule et dire plutôt : « dans mon église je ne serai plus comme avant ». Non je ne cède pas à l’individualisme ambiant, mais je sais que rien ne bougera dans mon église si rien ne bouge en moi. Rien ne bougera en moi si je reste prisonnier du passé et que je ne vais pas de l’avant. Certes le temps pascal est une commémoration, mais l’événement passé dont il est question est un appel à fonder un avenir en m’unissant à tous ceux qui sont appelés à témoigner dans toute leur vie de la résurrection, à fonder un avenir pour tous les hommes, croyants ou incroyants, hommes ou femmes, jeunes ou vieux, riches ou pauvres, d’ici ou d’ailleurs. Et ainsi cet appel à témoigner de la vie en nous est si fort qu’il n’est plus un rappel du passé mais un événement du présent. Pâque c’est aujourd’hui et si rien n’est plus comme avant dans notre église c’est bon signe. Certains pleureront pensant avoir perdu leurs valeurs, mais la joie, l’espérance et la fraternité de tous les consoleront vite. Ainsi notre effort de conversion, en ce temps de carême, plus urgent et concret que jamais, ce n’est pas une conversion pour devenir meilleur (si je fais ça aussi tant mieux personne ne s’en plaindra !) mais pour que la communion de tous témoigne de l’amour que le Père donne à chacun.
Jacques Mérienne, prêtre du diocèse de Paris.