Il y a quelques semaines, les oratoriens étaient réunis en Assemblée générale. Ce rendez-vous quinquennal est l’occasion de faire un point de route sur la mission de la congrégation dans l’Église et de choisir les orientations dont la mise en œuvre est confiée au supérieur général et à son Conseil.
Cette année, les questions relatives à la transmission pourraient être considérées comme ayant formé l’axe de réflexion principal de l’Assemblée générale. Dans le contexte d’une Église fragile, mais en profonde évolution, comment l’Oratoire prépare-t-il les conditions qui favorisent la transmission de son patrimoine culturel, spirituel, éducatif ? Celle-ci ne peut ignorer le contexte des nouvelles quêtes de sens, des nouvelles formes que les demandes peuvent prendre dans l’Église et dans la société. Or, à bien des égards, le langage religieux dont nous avons hérité, peine à faire écho à nos interrogations. Ce n’est pas la première fois dans l’histoire de l’Église. L’Oratoire a été créé par Pierre de Bérulle au XVII° siècle, une époque où, déjà, le langage religieux hérité de la scolastique médiévale, s’épuisait. À nouveau, aujourd’hui, un cycle semble s’achever. Il n’est pas étonnant que dans ce contexte, une question a été posée par l’un d’entre nous au cours de notre Assemblée générale : « que signifie aujourd’hui annoncer l’Évangile ? », sans que, d’ailleurs, celle-ci ait été reprise, sauf, peut-être, pour l’associer à une œuvre de libération…
Reprendre cette question, la nourrir, la faire vivre, sans la supprimer avec des réponses trop rapides, est sans doute le défi que nous sommes appelés à relever, à notre tour, avec les personnes de bonne volonté, pour chercher ensemble comment exprimer la pertinence de cette Parole, dans les temps qui sont les nôtres, dans les questions qui sont celles de ce temps : bioéthique, phénomène migratoire, l’impact des modes de vie humaine sur l’écosystème de la planète…
Faire vivre cette question, c’est aussi organiser les conditions où elle peut être posée, dans la liberté de parole chère à l’Oratoire, où nous privilégions les conditions du forum plutôt que celles du cloître. Un forum qui soit reconnu comme un havre de tradition chrétienne, cordiale et hospitalière, où nos contemporains, dans leur légitime diversité, peuvent reprendre souffle et refaire leurs forces, grâce à un accueil évangélique, simple et vrai pour le plus grand nombre. Merci à la paroisse Saint-Eustache de faire le job !
François Picart,
supérieur général de l’Oratoire