Photo © Mairé Palacios Garnero
Chers frères et chères sœurs, pendant plusieurs semaines, et notamment pendant la semaine pascale, nous nous sommes sentis très éloignés du centre où s’exprime habituellement notre foi. Pour certains d’entre vous, il y a même eu le sentiment d’avoir perdu une maison – et là je pense tout particulièrement aux bénévoles de Saint-Eustache. Ce sentiment a peut-être été renforcé par le choix de l’équipe des prêtres de ne pas diffuser de célébrations eucharistiques par voie médiatique. Sachez cependant que tout ce que vous avez pu vivre a été porté dans nos prières. Les méditations bibliques que les Pères James, Jacques, et Gilles-Hervé ont rédigées furent une manière de vous accompagner quotidiennement. Personnellement et en pensant à vous tous, j’ai senti et j’ai compris combien vos cœurs étaient travaillés par le désir de faire église en vue du bien. Ce bien, je le crois sincèrement, notre paroisse l’a accompli lorsqu’elle s’est décidée à assurer pendant cette période de crise la distribution quotidienne de repas aux plus démunis. Cette action doit se poursuivre jusqu’au 28 juin et, pour l’instant, elle a consisté à distribuer plus de 13000 repas. Sans l’engagement des prêtres de Saint-Eustache et des bénévoles de la Soupe, cette action n’aurait pas été possible. Cette réunion quotidienne d’hommes et de femmes aux horizons si différents – les invités, les agents de la sécurité et de la Ville de Paris, les prêtres, les bénévoles, les personnes du quartier venant manifester leur solidarité à cette action -, toute cette mobilisation humaine en vue du bien m’a donné à croire que « donnez le pain à celui qui a faim » constitue l’un des sens les plus universels du mystère eucharistique.
Oui, ce serait peut-être, là où l’humain est le plus en nécessité, là donc où faire le bien devient un impératif absolu, que la manifestation de l’esprit serait la plus puissante. Cela frères et sœurs, alors que l’église vous était fermée, nous l’avons vécu pour vous et avec vous, dans ce désir certain que tous ensemble nous fassions effectivement église en vue du bien.
Yves Trocheris
Curé de Saint-Eustache