Le paroissien de Saint-Eustache entend régulièrement parler de Cerise, sans bien savoir, sans doute, quelle aventure se cache derrière ce fruit de saison. Rappel historique : pendant 60 ans, le 46 rue Montorgueil, propriété de Saint-Eustache, a accueilli activités paroissiales et associations locales. Au début des années 90, le bâtiment, faute d’entretien, est dans un tel état de vétusté qu’il faut en condamner l’accès. Sa fermeture coïncide avec la contrainte d’acheter le presbytère à l’Etat. Beaucoup pensent alors que la vente de l’un permettra l’achat de l’autre.
Vicaire depuis 1984, je deviens curé en 1993. J’ai pu, les années précédentes, mesurer la générosité des paroissiens et leur attachement au partage fraternel : la Soupe St Eustache et le soutien apporté aux malades du Sida et à leurs proches en sont des signes forts. Mgr Vingt-Trois sait cela quand je lui fais part de mon souhait de conserver au 46 rue Montorgueil sa vocation sociale au service du quartier. Nous assurant du soutien du Diocèse pour l’achat du presbytère, il nous laisse la possibilité de ce projet si nous parvenons à trouver rapidement les financements nécessaires pour la réhabilitation du lieu (une dizaine de millions) et les partenaires professionnels pour l’animer.
La Ville de Paris et la Caisse d’Allocations familiales seront les premiers à nous rejoindre : c’est avec elles que seront imaginées la partie hébergement pour jeunes en précarité et la partie Centre social.
À l’occasion du 25e anniversaire, le geste généreux de la paroisse est rappelé sur la façade du bâtiment. Ses activités quotidiennes, elles, observent évidemment un légitime respect de nos partenaires laïcs. Je sais que d’aucuns – et c’est dans l’air du temps – regrettent qu’il n’y ait pas là des initiatives spécifiques d’Évangélisation.
Celui qui, un soir de grand froid, reçut la moitié du manteau de saint Martin, sut-il alors que cet officier romain s’était récemment converti au Christianisme ? Pas très sûr. Nous ne savons pas non plus si, plus tard, il fit le lien entre ce geste et la parole évangélique : « À l’amour que vous avez les uns pour les autres, on vous reconnaîtra comme mes disciples ». 17 siècles plus tard, pourtant, le geste de saint Martin est encore bien souvent raconté aux enfants du Catéchisme…
Gérard Bénéteau, ancien curé de Saint-Eustache