L’été est une saison trop grande pour la ville, trop de chaleur, trop de lumière, des jours sans fin alors que les rues se vident, mais c’est un temps où le virus se cache, ce qui nous permet de bouger plus librement, de sortir des cases et des circuits du confinement. Beaucoup pourront partir, d’autres resteront mais il faut pouvoir s’évader, pourquoi pas dans la poésie ? Ce temps de respiration permet par exemple d’explorer à nouveau les psaumes, on a beau les connaître, les relire, c’est toujours une découverte, toutes les émotions et les attentes d’une vie humaine s’y retrouvent, un dialogue avec Dieu où l’homme lui fait dire ce qu’il n’ose se dire à lui-même, c’est-à-dire qu’il n’est jamais content, il faut bien l’avouer, la tristesse d’une existence déprimée traverse obstinément ces poèmes si divers qui cependant convergent vers une évidence : sans l’amour de Dieu je ne suis plus rien. Le psaume 22 l’affirme en direct : « pourquoi m’as-tu abandonné ? ». C’est bien sûr la faute des autres rappelle le psaume 101 : « je hais la perfidie, elle ne me contaminera pas ! ». Dieu pourrait s’y tromper dit le psaume 79 dont le poète se sent menacé : « Ta jalousie nous brûlera-t-elle comme un feu ? ». Le psaume 58 nous montre jusqu’où peut aller cette colère : « Dieu, casse-leur les dents ! », mais la colère contre les hommes que le poète prête à Dieu c’est bien sûr la sienne, si extrême qu’il ne peut se l’avouer, mais pas si extrême que Dieu ne puisse la lui pardonner car c’est près de lui que se trouve le pardon, c’est près de lui qu’il faut revenir comme dans le psaume 137 : « au bord des fleuves de Babylone nous pleurons » ! Si la violence n’est jamais loin le bonheur est intense chaque fois qu’il s’exprime, lumineux à travers notre nature bigarrée, triste et joyeuse, violente et pacifique, pour une vie pure et simple dans le psaume 23 : « couché dans des prés d’herbe verte ». Laissons nos guerres, celui dont nous voudrions qu’il les endosse nous propose mieux : la paix et le soin.
P. Jacques Mérienne