Quand un bébé arrive dans une famille, on fête sa naissance, et non pas sa nativité. Terme sacro-saint qui semble réservé à Jésus. Or voilà que l’Église gratifie Marie du terme employé pour son fils : Nativité. Elle le mérite grandement. Pourtant, les conditions de leurs naissance, Mère et Fils, ne sont pas analogues : Marie est née d’un père et d’une mère, que la Tradition appelle Anne et Joachim, et donc, elle est le fruit de l’acte humain habituel qui produit une naissance ; quant au Verbe qui s’est fait chair, nous proclamons et croyons que l’Esprit-Saint en est l’artisan… et Joseph, pourtant artisan de métier, fut chargé de ses adoption et éducation. – Soyons cependant reconnaissants, à ce dernier, du Oui confiant et magnanime qu’il a donné à l’Ange, après celui de Marie, c’est ce que nous rappelle aujourd’hui notre évangile : il a ainsi prit une part prépondérante, essentielle et unique dans l’Avènement du Salut !… Sans l’assentiment de Joseph ? – Donc, Nativité.
L’Église a sans doute pensé que la venue au monde du Verbe de Dieu ne pouvait pas s’appeler naissance, comme pour le commun des mortels. Il était nécessaire de solenniser – sacraliser, liturgiser ? – cet événement en qualifiant l’acte naturel de naissance en Nativité, avec un grand N… Naître parmi nous, être un homme comme nous, paraissait difficilement concevable, surtout quand on connaît et reconnaît Le Géniteur, aussi, on a voulu l’enluminer par ce nouveau mot créé pour le Créateur. Sa naissance, qui se voulait semblable à toutes, a été ornée de ce Nativité bien à lui… – comme pour remplacer le baldaquin qu’il n’a pas eu, tendu au-dessus d’un berceau que sa condition aurait pourtant nécessité ? -. Allez, avouons que nous sommes heureux, émus, qu’il en soit ainsi, car la naissance du Verbe de Dieu mérite, ô combien, d’être promue et honorée d’un terme à part.
Quant à la Nativité attribuée à Marie, elle recueille les fruits d’une hérédité à rebours, celle de son Fils. Comme il lui sera attribué l’Assomption, en regard à la Résurrection-Ascension. Honneur, Louange et Gloire à l’Agneau de Dieu ! qui rejaillit sur Celle qui a accueilli pour nous un tel Sauveur, dans une abnégation et une confiance totales. Transfert de vie, transfert de Gloire.
Jean-Marie Martin, prêtre de l’Oratoire à Saint-Eustache, Paris