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40 ans de La Soupe Saint-Eustache : le discours de Jean-Claude Scoupe, président de La Soupe

Tout simplement chers amis,

 

Le 13 décembre 1984, 13 repas ont été servis par le Père Perrot et quelques bénévoles.

Eux qui pleins d’entrain ont offert une soupe chaude, n’imaginaient pas que 40 ans après, nous serions tous ici réunis pour marquer cet anniversaire.

Il ne s’agit certainement pas de marquer 40 années d’une pauvreté constante, accentuée par les différentes crises économiques et sociale.

Il s’agit plutôt, dans un monde parfois virtuel où l’individualisme est souvent de mise, où nombres d’acteurs, publics, politiques ou économiques préfèrent la lumière des projecteurs à une présence plus obscure auprès des plus fragiles, de clamer haut et fort que le force du temps offert, du don de soi, du partage et de la fraternité restent des valeurs fondamentales.

 

Comme l’ont souvent fait, avant moi, mes prédécesseurs, Christophe de BLIGNIERES, Xavier Du BOISBAUDRY et Gérard SEIBEL, que je souhaite associer à cette parole, j’ai régulièrement coutume de vous parler en ma qualité de président, afin de décrire notre fonctionnement et nos besoins, nous qui ne vivons que de dons.

 

Cependant, en cette journée particulière, ce n'est pas le président qui s’adresse à vous, mais plutôt le bénévole qui, comme vous les 300 bénévoles d’aujourd'hui, continue de s’engager auprès des plus fragiles. Fort de mon expérience, j’ai envie de vous dire que s’engager est une chance, une opportunité, un geste d’amour qui profite à tous.

 

Toutes les facettes de l’engagement, qu'il soit vis à vis de soi, des autres ou de la société, sont profondément et indissociablement liées dans un cercle vertueux. Ainsi, en devenant bénévole, chacun d’entre nous s’engage dès le départ sur un long parcours initiatique qui va guider ses pas sur le chemin de l’amélioration de chacun et de la société. Hiver après hiver, toutes les personnes rencontrées aux pieds de l’église Saint Eustache, nous obligent de par leur simple présence, à sortir de notre petit confort personnel.

Nos invités nous apprennent à nous ouvrir aux autres, à nous enrichir de la diversité des idées et des cultures, à ne pas s’habituer à la souffrance et à l’injustice.

Ils nous aident à garder vivantes toutes nos promesses faites le premier jour. Face à leurs besoins, nous nous sentons souvent petits, mais aussi plus conscients de notre humanité commune. Car, nous comme eux, cherchons à être aimés, considérés, respectés, soutenus, encouragés, à participer.

Quelle chance nous avons de pouvoir affirmer que notre propre épanouissement n’est pas grand-chose sans l’épanouissement de l’autre !

 

Et comme dans une grande famille, la vie associative s’appuie sur des règles, des rituels, des traditions, se nourrit de notre participation active, de notre assiduité, elle-même rendue possible par les liens qui se tissent et se resserrent, saison après saison, entre bénévoles et avec nos invités.

Au cœur de cette famille, il y a nos frères et sœurs que nous accueillons et qui rendent concrète l’expérience de la fraternité et de la tolérance. De ce fait, en tant que bénévoles, nous nous engageons à promouvoir des valeurs universelles comme les droits de l’homme, l’égalité entre les hommes et les femmes et le combat contre l’homophobie, le racisme et l’antisémitisme entre autres. Nous œuvrons ainsi à l’amélioration de nos sociétés.

En ce sens, la force émulatrice de l’engagement est unique, car elle a cette capacité à rendre meilleurs tous les aspects de la vie.

 

Ce dont je suis certain aujourd’hui après plus de 20 ans à La Soupe, c’est que pour nous tous, bénévoles comme invités, par la simple force du groupe, de notre être ensemble, toutes sortes d’évènements surprenants et précieux se sont produits, qui nous ont aidés au quotidien. Je pense aux rencontres inattendues, aux amitiés fortes que l’on n’aurait jamais osé ou imaginé obtenir. Je pense à la joie face au sourire des uns et des autres, à la satisfaction du plat préparé avec soin et apprécié, au sentiment d’avoir aidé son frère et sa sœur de fragilité.

 

Venir une fois par semaine, pour cuisiner, servir ou accueillir c’est la promesse que chacun de nous a faite en s’engageant ; c’est certes exigeant, mais c’est une source inépuisable de bonheur.

 

Alors chers amis, rendre hommage aux 40 ans de notre association, c’est rendre hommage à 40 ans de milliers de rapports, d’attentions, de délicatesses échangées, de détresses partagées, de réussites et d'échecs, de départs et d’accompagnements. C'est surtout et avant tout rendre hommage à nos invités qui nous apportent plus que nous leur apportons, car ils nous font vivre l’expérience rare de l’amour gratuit. C’est aussi rendre hommage à l’engagement commun de tous les bénévoles, en première ligne, toujours présents à l’appel de la solidarité.

Et puis c'est reconnaître que tout cela ne serait pas, sans toute une communauté de partage. Je pense aux prêtres de Saint-Eustache et, en au premier lieu au Père Yves Trocheris, notre curé, que je veux très chaleureusement remercier, puis aux entreprises, aux commerçants, aux habitants du quartier, aux paroissiens et aux nombreux anonymes qui tous réunis forment ce que j’aime à appeller

"Le Peuple de La SOUPE".

 

Alors chers amis, vous qui êtes venus célébrer ces 40 ans, vous qui nous soutenez au quotidien, vous les bénévoles qui chaque soir êtes au rendez-vous du partage et de l’amitié

 

Quoi que vous puissiez faire

Quoi que vous rêviez de faire, entreprenez-le !

L’engagement donne du génie, de la puissance et de la magie.

Alors n’hésitez pas, continuez !

 

Jean-Claude Scoupe, le 15 décembre 2024

 

 

Autre document de ce jour : l'homélie prononcée par Mgr Stanislas Lalanne, que vous pouvez retrouver sur : https://www.saint-eustache.org/homelie-du-15-decembre-a-11-heures-3e-dimanche-avent-annee-c-40-ans-de-la-soupe-saint-eustache-par-mgr-stanislas-lalanne/