Comment vivre ce temps de Carême ? Que modifier dans nos habitudes, au cours de cette période particulière, pour nous préparer à la fête pascale ? La pratique de la lecture spirituelle de la Bible peut être une réponse. C’est une interprétation venant des profondeurs de notre être, sous l’inspiration de l’Esprit Saint car « la lettre tue mais l’Esprit vivifie » (Paul 2 Co 3,6) et « l’Esprit scrute le fond de toutes choses, même les profondeurs de Dieu (Paul 1 Co 2,10).
Cette pratique peut être individuelle. On peut, par exemple, lire chaque matin les textes de la messe du jour, noter une phrase ou une expression qui nous a touché et garder en tête ce fragment qui sera ainsi médité de façon spontanée au cours de la journée.
La lecture spirituelle des Ecritures peut aussi être collective. Depuis le Concile Vatican II qui l’a encouragée, les groupes de lecture spirituelle, ou lectio divina, se développent dans les paroisses. Cette pratique existe à Saint-Eustache, notamment au sein du groupe du dialogue contemplatif sur la base d’une méthode simple : après une invocation à l’Esprit Saint, nous faisons trois lectures du texte de l’Evangile du dimanche qui suit la réunion, suivies chacune par trois minutes de silence puis par trois étapes spécifiques où chacun peut s’exprimer à tour de rôle (1 – Ecoute du texte ; 2 – Méditation ; 3 – Prière) et nous terminons par un Notre Père. Cet exercice spirituel est souvent surprenant : un texte qui peut au premier abord paraître simple, voire anecdotique, prend des significations inattendues ; chacune des lectures, même la troisième, révèle du nouveau ; des liens entre le texte et des évènements de la vie personnelle de participants apparaissent ; nous prenons conscience de ce qui nous unit.
Le but n’est pas un plaisir littéraire ou intellectuel. Les enjeux sont autres. Il s’agit d’abord d’approfondir notre foi et notre espérance et, par voie de conséquence, de consolider notre charité qui est, elle aussi, une vertu théologale, et même la plus grande des trois selon saint Paul (1 Co 13,13). De la justesse de notre relation à Dieu dépend la justesse de notre relation aux autres. Nous pouvons ainsi passer des qualités purement humaines que sont le bien-vivre ensemble et la compassion à la vertu de charité qui nous fait voir dans le visage des autres le visage du Christ et agir en conséquence. Il s’agit aussi de procéder, sur le long terme, à ce profond renouvellement dont notre Eglise a tant besoin. Au-delà de la nécessaire reconnaissance de nos fautes, nous devons refonder notre Eglise solidement sur ce qui est vraiment important : la Parole de Dieu transmise par les Ecritures et méditée dans notre cœur. Ce Dieu devenu sensible au cœur, pour reprendre les mots de Blaise Pascal, aidera l’Eglise à lutter contre ses dérives et à réduire les divisions qui la fracturent.
Décider de pratiquer régulièrement la lecture spirituelle de la Bible, sous la forme qui nous conviendra le mieux, pourrait donc être une belle décision de Carême pour nous préparer à recevoir, individuellement et en Eglise, la bouleversante révélation de Pâques … et pour poursuivre après.
Anne Roul, paroissienne de l’église Saint-Eustache.