Et si la parabole du fils prodigue (lectures de l’année C1) éclairait notre situation écologique ?
Gaël Giraud, jésuite, théologien et économiste, propose dans une approche très stimulante de la relire pour saisir autrement ce qui nous arrive.
Les données scientifiques relatives à la dérive écologique illustrent chacun à leur manière la dilapidation de notre “héritage” collectif, lorsque le don de la création devient un du exploitable à court terme comme s’il était illimité. Le réchauffement climatique se poursuit plus vite que ce que nombre d’entre nous imaginent ; nous avons supprimé une grande partie des insectes et des animaux sauvages, alors que la Genèse situe leur création le 6e jour, comme la nôtre. Nous avons saturé les sols, les rivières et les océans de plastique…”le monde qui nous accueille s’effrite” résumait le pape François il y a deux ans dans Laudate Deum.
Comme le fils prodigue confronté aux limites, nous avons le choix entre deux attitudes : l’immobilisme dans le “pays lointain”, sur fond de culpabilité et de peur, ou bien le retour vers le soin de la création et le Créateur, dans l’horizon de la joie et de la confiance retrouvée. C’est d’abord l’adaptation indispensable et urgente de nos emprunts et de nos flux de matières et d’énergie. C’est parallèlement le développement des richesses immatérielles des relations avec les autres qui rendent la vie plus intense et belle. C’est le développement dans la durée d’attitudes et de pratiques de reconnexion avec la création comme celles que propose le chapitre 6 de Laudato si’ (LS) sous le titre de “spiritualité écologique” : par exemple, découvrir à quel point la nature vit en nous, prendre le temps de s’émerveiller, s’ancrer dans la gratitude, ou bien encore se laisser questionner par le §89 de LS : “Nous sommes appelés à reconnaitre que les autres êtres vivants ont une valeur propre devant Dieu et par leur simple existence, ils le bénissent et lui rendent gloire” puisque “le Seigneur se réjouit en ses œuvres” (Ps 104, 31).
Le groupe Église verte de Saint-Eustache
1 Lorsque des catéchumènes sont préparés au baptême dans une paroisse (ce qui est le cas à Saint-Eustache), l’usage est de prendre les lectures de l’année A, et non celles de l’année liturgique en cours.