Depuis le début de l’année 2020, nous vivons une crise sanitaire. Chacun de nous et nous tous sommes éprouvés par les incertitudes qu’une telle crise engendre. Nous devons apprendre à vivre en se protégeant, et en protégeant au mieux nos proches, nos amis, nos collègues et nos voisins, du virus qui circule parmi nous. Cela exige beaucoup plus d’efforts que nous ne l’aurions imaginé, le principal effort consistant à entretenir une mise à distance dans tous nos rapports sociaux. Nous cachons nos visages, nous ne nous serrons plus la main, nous ne nous embrassons plus. Cela renforce pour beaucoup d’entre nous, le sentiment d’un isolement, peut -être même, et ici je pense tout particulièrement aux personnes âgées, d’une mise à l’écart. A cela s’ajoute le caractère totalement anxiogène des informations que les instances médiatiques nous communiquent. La peur nous saisit, l’avenir nous paraît de plus en plus incertain, et nous nous sentons totalement impuissants à forger des projets. Pour ceux enfin qui portent la responsabilité des différents rassemblements sociétaux (les entreprises, les instances scolaires et de formation, les manifestations culturelles, les communautés croyantes …), il est difficile de trouver la bonne mesure. Les rassemblements que nous organisons sont-ils suffisamment protégés ou les conditions auxquelles nous les soumettons sont-elles trop restrictives ?
Frères et sœurs, c’est dans ce contexte que la rentrée paroissiale va survenir ce prochain weekend. Nous allons nous retrouver, nous réunir et prier ensemble pour que cette nouvelle année pastorale à Saint-Eustache soit riche en vie. Lorsque je célèbre, chacun de vos visages, même masqué, compte, et représente à mes yeux une force de vie pour toute notre communauté. La vie à Saint-Eustache vient de vous, et si nous nous rapportons à ce qui nous rassemble, notre foi, elle nous vient de plus loin que nous ; elle nous vient de notre Seigneur Jésus-Christ. Ce que dit Paul : « Frères, soit que je vive, soit que je meure, le Christ sera glorifié dans mon corps. En effet, pour moi, vivre c’est le Christ » (Philippiens 1, 20c), chacun selon sa propre liberté le vit et en témoigne. Paul rappelle qu’ultimement, le chrétien ne place pas la mort sous le sceau de la maladie, mais plus profondément, sous celui de la vie du Ressuscité. Cependant et pour que cette vie nouvelle circule, au-delà des craintes et des frustrations que la crise sanitaire produit en nous, il faut que nous puissions entretenir les uns vis-à-vis des autres des rapports et des propos transportés par un esprit de bienveillance. La vie du Christ qui est en nous ne peut pas s’éclore indépendamment du souci d’obéir en tout temps et en tout lieu au commandement de l’amour. Cela nous le pouvons ; cela nous le devons. Oui, si je souhaite aujourd’hui vous exhorter, c’est bien en ceci : croire, en se tenant au plus proche du mystère que nous partageons, que non seulement la vie continue, mais plus encore, qu’elle croît.
Yves Trocheris Prêtre de l’Oratoire, curé de Saint-Eustache