La parole est une aventure, un voyage, simple et périlleux. Elle est infinie, multiple, elle est cette faculté de l’homme dont les limites paraissent indéfinies.
Riche, puissante, elle est susceptible de pouvoir, de fascination, rythmée par la voix.
Discrète, suggérée, elle suscite ou une attention appuyée ou une indifférence déclarée.
Elle est proclamée ou elle est modulée, source d’émotions mais aussi, à l’occasion, de distractions passagères.
Mais avant tout, elle crée des liens divers, affectifs, politiques, philosophiques, religieux, amoureux et poétiques.
La parole relie les hommes entre eux ou les sépare, elle fait vivre, changer, suivre des routes imprévues, elle est une onde qui ravitaille l’esprit, une libération, un danger quand elle devient prison.
La parole intervient dans nos vies, s’inscrit dans notre histoire, elle est un appel qui ouvre et déchire l’espace. Comment ne pas penser à saint Paul, terrassé par cette parole : « Pourquoi me persécutes-tu ? » Il tombe aveuglé par la question qu’il ne s’était pas posée.
C’est aussi une musique divine, révélée par la parole poétique.
Heureux sommes-nous lorsque nous gardons au cœur un poème, ou même un vers qui résonne en nous comme une note oubliée et retrouvée toujours.
René Char définissait ainsi la poésie : « La poésie est ce fruit que nous serrons, mûri, avec liesse, dans notre main, au même moment qu’il nous apparaît, d’avenir incertain, sur la tige givrée, dans le calice de la fleur ».
Nourrie de silence, la parole est un don sublime, offert comme il le fut à Zacharie lorsqu’il prononça le nom de son fils, Jean.
Alors la parole se fait acte.
« La pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre (…) ; ainsi ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat. » (Isaïe 55,11).
Martine De Groote
Paroissienne à Saint-Eustache