Le « synode sur la synodalité » a été lancé par le Pape François le 10 octobre dernier. C’est un processus inédit de deux ans censé redonner la parole à un Peuple de Dieu à qui on a trop appris à se taire, les derniers événements traversés par l’Église le démontrent. Tous les diocèses du monde sont appelés à y participer. La phase locale, donc notre participation parisienne, doit durer six mois, et mobiliser toutes les paroisses jusqu’au printemps 2022, et aboutir à la rédaction d’une synthèse de dix pages. Elles seront envoyées à Rome, via la conférence des évêques qui en feront une synthèse globale. Dès septembre 2022 auront lieu de nouvelles discussions au niveau continental qui aboutiront à de nouvelles synthèses qui nourriront enfin la phase synodale finale à Rome en octobre 2023, bref on prend son temps mais cela en vaut le cierge ! D’ailleurs nous n’avons pas le choix, soit nous reprenons la parole, soit l’Eglise se dissout dans le monde anonyme et superficiel que nous concoctent les réseaux sociaux.
De quoi allons-nous parler ? D’abord de ce que cela nous fait de vraiment parler ensemble, et puis parler de la fraternité et de la solidarité qui sont le cœur de notre foi, du rôle que nous avons à jouer dans le vivre ensemble de notre société où tous et chacun, proche ou étranger, doit trouver sa place et sa liberté, de la liturgie qui ne doit pas être pour quiconque rentre dans l’église au moment de la messe un rituel exotique et hermétique, de nos liens avec nos autres frères chrétiens et croyants et de ce que nous avons à construire ensemble, de l’avenir de notre planète et donc de celui de nos enfants, et puis bien sûr de la dimension collective du crime des agressions sexuelles balayées sous la nappe d’autel, des conversions que nous avons à entreprendre pour que la justice et la communion redeviennent le fonctionnement normal de notre Église.
On ne va pas tout se dire en deux mois, mais on va commencer et prendre le goût du dialogue pour qu’il ne cesse jamais, qu’il devienne la base de notre vie ensemble.
Père Jacques Mérienne