Tel est le titre d’un ouvrage à paraître le 11 mai prochain et que je présenterai à la paroisse ce jour-là à 20h30. Pour en dire quelques mots, rien de mieux qu’un extrait de la préface que Véronique Margron, théologienne dominicaine, présidente de la Corref et qui a prêché à Saint-Eustache le 3e dimanche de Carême cette année, a bien voulu rédiger pour moi :
« Comme on le voit dans le « rapport Sauvé »(1), la majorité des victimes de violence sexuelle dans l’Église catholique sont des hommes : 2/3 de garçons, 1/3 de filles. Dans la société c’est exactement le contraire. Il y a donc une inversion qui manifeste une des particularités de l’univers religieux en matière d’abus et d’atteintes sexuelles sur les enfants. Ici nous sommes dans un entre-deux car l’agresseur est laïc, chef d’une troupe de scouts. C’est l’aumônier qui, le premier, dira le droit sans pourtant vraiment nommer les faits ni mettre en marche la justice. Nous sommes dans le contexte des années soixante.
Un tout jeune garçon, un préadolescent ; voilà qui était l’auteur de cet ouvrage quand le mal intime s’est abattu sur lui. Aujourd’hui il témoigne. C’est essentiel. Pour lui et ses proches avant tout. Mais aussi pour toutes les victimes, dont les hommes. Car leurs témoignages sont rares. Peut-être parce que parler de l’intime en son effraction contrainte, criminelle, est encore plus difficile. Le tabou de la sexualité ajouté à celui d’avoir subi des violences, de n’avoir pu se défendre renforce la difficulté et la souffrance de la parole afin qu’elle puisse se frayer son chemin au-dehors. Et puis comme notre auteur le raconte avec pudeur et clarté l’agression sexuelle est vécue non seulement comme une atteinte à sa personne, à son intégrité, mais aussi comme un vol de sa sexualité. (…)
L’auteur aborde cela à partir d’un vécu médical relativement récent. À partir d’un épisode de soins, un épisode clinique, et c’est là aussi la force du témoignage. Aller à rebours du temps à partir d’un épisode de la vie qui se poursuit, c’est raconter depuis aujourd’hui les ravages de la violence subie.
Plus loin dans le récit, lorsque le malaise s’installe, Jean Pierre Rosa est en pleine conversion. Un temps où tout paraît neuf, promis, magnifique, ouvert. Mais c’est aussi un moment où l’on est particulièrement sensible car on se transforme en profondeur et le désir est fort de correspondre à l’idéal pressenti. Il n’y a plus de défense, de protection ; la vulnérabilité est grande comme si la peau ne protégeait plus. En ces circonstances on aimerait tant que l’entourage, familial, ecclésial, éducatif, redouble de vigilance… ».
(1) – Rapport de la CIASE, 5 octobre 2021 – https://www.ciase.fr/rapport-final/
Jean-Pierre Rosa, paroissien de l’église Saint-Eustache.