Chaque année, du 18 au 25 janvier, les églises chrétiennes entrent dans la semaine de prières pour l’unité des chrétiens. Ce rendez-vous annuel coïncide avec les vœux de la nouvelle année. Aussi, permettez-moi, au nom de la paroisse protestante de l’Oratoire du Louvre, de vous souhaiter une belle année 2021, malgré le contexte inédit et inquiétant, généré par la pandémie de Covid19. Une parole biblique, proposée par la Communauté monastique de Grandchamp, en Suisse, accompagne notre semaine : « Demeurez dans mon amour et vous porterez du fruit en abondance » (Jn 15, 5-9). Nous traversons une époque éprouvante physiquement, moralement et spirituellement. Nos relations humaines sont en souffrance. L’unité de notre personne est fragilisée. Cela rejaillit sur l’unité collective, tant ecclésiale que sociétale. La prière œcuménique invite les chrétiens de toutes dénominations à demeurer dans l’amour du Christ. Alors que nos Eglises, miroir de l’humanité, sont irréductiblement plurielles, nous recevons du Christ notre identité fondamentale, dont nous avons à prendre soin, pour donner du fruit. Donner aux autres l’amour que nous recevons du Christ. C’est là, notre unité, pour laquelle les chrétiens prient et travaillent. Elle doit être encouragée sans modération, car elle témoigne non seulement d’une lutte exigeante contre les préjugés et les rancunes, mais aussi d’une victoire sur les divisions, par la rencontre et le dialogue. Cette unité, à rendre de plus en plus visible, peut être une force de proposition pour vivre ensemble dans une société marquée par les disparités, les rivalités et la précarité. Cela nécessite un déplacement de nos mentalités, du courage pour approfondir notre réflexion théologique, tout en laissant une large place à notre inventivité et à la rencontre, tout au long de l’année. La prière permet de rendre grâce pour la richesse complémentaire de nos diversités, et de célébrer sans peur, la pluralité de nos convictions. N’est-ce pas une façon intelligente de lutter contre l’obscurantisme qui menace notre monde ? Le Dieu de Jésus-Christ ne nous délivre-t-il pas de tout enfermement identitaire ? Ne sommes-nous pas chargés d’une mission, celle d’être artisans de paix et de réconciliation ? Ce fruit en abondance est le plus important pour guérir les blessures anciennes et former des projets pour l’avenir, qui, pour Dieu, n’est jamais caché.
Agnès Adeline-Schaeffer,
pasteure de l’Eglise protestante unie de France, à l’Oratoire du Louvre.