Évangile du mardi 5 juillet 2022 (Matthieu 9, 32-38)
En ce temps-là,
voici qu’on présenta à Jésus
un possédé qui était sourd-muet.
Lorsque le démon eut été expulsé,
le sourd-muet se mit à parler.
Les foules furent dans l’admiration, et elles disaient :
« Jamais rien de pareil ne s’est vu en Israël ! »
Mais les pharisiens disaient :
« C’est par le chef des démons
qu’il expulse les démons. »
Jésus parcourait toutes les villes et tous les villages,
enseignant dans leurs synagogues,
proclamant l’Évangile du Royaume
et guérissant toute maladie et toute infirmité.
Voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion envers elles
parce qu’elles étaient désemparées et abattues
comme des brebis sans berger.
Il dit alors à ses disciples :
« La moisson est abondante,
mais les ouvriers sont peu nombreux.
Priez donc le maître de la moisson
d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. »
Méditation
« L’Amour est vital pour toutes celles et ceux qui guérissent maladies et infirmités du cœur et du corps. »
Cela a certainement quelque chose à voir avec ma formation biologique, j’ai toujours prêté attention et donné de l’importance aux images agricoles dans nos évangiles.
J’ai bien noté que les Israélites furent un peuple de pasteurs et de paysans, avec leur fête des Prémices au début du printemps, et celle des Récoltes encore appelée fête des Moissons (Chavouot devenue Pentecôte avec les Grecs).
Les prémices, selon le dictionnaire Robert, ce sont les premiers fruits de la terre, les premiers animaux nés du troupeau, que les anciens offraient à la divinité. Ces prémices apparaissent au printemps et sont offerts à Pâques. Rappel de la libération du peuple qui a passé la mer, fête des Azymes pour marquer le début d’une nouvelle germination, sacrifice de l’agneau pascal pour nourrir une famille, sont ainsi évoqués au cours des 8 jours de célébration de Pessah, la Pâque juive.
Les chrétiens, en fêtant la résurrection de Jésus à Pâques, reconnaissent en Jésus les prémices d’une humanité nouvelle, affranchie de la mort traditionnellement liée au péché. Pâques nous montre une humanité nouvelle mais, en ce jour de Pâques, cette humanité est encore limitée à un homme : Jésus. Il faudra bien 7 semaines pour que cet homme nouveau, ce premier-né d’entre les morts, prémices de la récolte à venir, fasse se lever cette “foule immense de toutes nations, tribus, peuples et langues” (Apocalypse 7, 9). Pentecôte, que les Juifs appellent aussi fête des Semaines, marque le temps de cette maturation nécessaire à l’avènement de l’Eglise du Christ, une Eglise à la suite du Christ, “proclamant l’Evangile du Royaume et guérissant toute maladie et toute infirmité”.
Je suis toujours surpris d’entendre le lecteur de la Prière universelle qui suit cet évangile inviter sa communauté à prier pour les vocations sacerdotales et religieuses, comme si les ouvriers pour la moisson étaient seulement les chrétiens ordonnés. Nous sommes aujourd’hui bien conscients que ces ouvriers moissonneurs sont, au-delà des « bergers » ordonnés par l’Eglise, tous les hommes de toutes tribus et langues qui proclament une Bonne Nouvelle que l’Amour est vital pour toutes celles et ceux qui guérissent maladies et infirmités du cœur et du corps.
Christian Durozoy, prêtre de l’Oratoire