Première lecture du dimanche 19 janvier 2020
Il m’a dit : « Tu es mon serviteur, Israël,
toi en qui je me glorifierai. »
Et maintenant le Seigneur a parlé,
lui qui m’a modelé dès le sein de ma mère pour être son serviteur,
pour ramener vers lui Jacob,
et qu’Israël lui soit réuni ;
– je serai glorifié aux yeux de mon Seigneur, et mon Dieu a été ma force ;
– il a dit : « C’est trop peu que tu sois pour moi un serviteur
pour relever les tribus de Jacob et ramener les survivants d’Israël.
Je fais de toi la lumière des nations
pour que mon salut atteigne aux extrémités de la terre. »
Isaïe 49, 3. 5-6
Méditation
Yémen et Syrie à feu et à sang, un terrorisme creusant sa route criminelle, un populisme sectaire et discriminatoire, une France victime du mensonge et de l’égotisme… Le Monde est blessé, la France va mal, la maison commune vacille… et de me demander : « Comment est-il encore possible, sinon de croire à ce que nous prophétise Isaïe, du moins d’oser encore parler de la venue de ce Sauveur dont il ne connaît ni le visage ni le nom, mais que nous croyant, nous savons trouver derrière le visage d’un nouveau-né ? » Jésus, que nous ne devons pas limiter au folklore liturgique et rituel d’un Noël, détourné aux fins commerciales, en trêve des confiseurs, mais dont on aimerait que le message de paix aux hommes de bonne volonté traverse cette humanité, la remettant à la raison. Pour moi, plus que tristesse, au risque de tourner vers un « à quoi bon » éteignant les lumières de la célébration.
Et pourtant, prêtres et laïcs à parité dans ce baptême qui nous a fait « passeurs » de ce Jésus, Dieu devenu homme en toute sa réalité humaine, nous pouvons trouver motif de croire par-delà nos doutes, d’espérer au-delà de tous les espoirs perdus. Aimer plus que toute haine, et vivre ce message d’un Noël à continuer au quotidien de nos rencontres, de nos vies, de nos rapports avec autrui, de nos responsabilités sociales, politiques.
Car Il vient, le Sauveur-Serviteur dont parle Isaïe, sans en figurer ce qu’Il sera. Il vient et ne cesse de nous parler, d’éclairer nos pas comme un phare au milieu de la tempête, de toute tempête ; alors, gardons le cap et poursuivons la route. Pour moi, deux images m’accompagnent : une, très ancienne, tirée du vieux film La Strada mais qui ne m’a jamais quitté, où Gelsomina réconforte Zampano en lui disant : « Courage, si tu jettes un caillou dans la mer, tu changes la mer », et cette autre de Pierre Rabhi, de la goutte d’eau du colibri pour éteindre la forêt amérindienne en feu.
Soyons à la lumière du Noël de tous les jours, car Il vient le Sauveur, à la manière de Jésus homme allant jusqu’à donner sa vie pour « une multitude », des témoins de l’amour de Dieu pour le créé, nous confiant cette maison commune pour laquelle chaque geste compte.
Michel Dupuy, prêtre de l’Oratoire à la Valfine, Jura.