Première lecture du vendredi 3 avril 2020
J’entendais les calomnies de beaucoup :
« Terreur de tous côtés ! Dénoncez ! Dénonçons-le ! »
Tous ceux qui étaient avec moi guettaient ma chute :
« Peut-être se laissera-t-il séduire ?
Nous serons plus forts que lui
et tirerons vengeance de lui ! »
Mais YHWH est avec moi comme un héros puissant ;
mes adversaires vont trébucher, vaincus :
les voilà tout confus de leur échec ;
honte éternelle, inoubliable.
YHWH Sabaot, qui scrutes le juste
et vois les reins et le cœur,
je verrai la vengeance que tu tireras d’eux,
car c’est à toi que j’ai exposé ma cause.
Chantez YHWH,
louez YHWH,
car il a délivré l’âme du malheureux
de la main des malfaisants.
Jérémie 20, 10-13
Méditation
« Terreur de tous côtés ! » Jérémie prophétisait à une époque où les habitants de Jérusalem vivaient dans l’insouciance, les riches méprisant les pauvres et profitant de la vie, alors que l’ennemi babylonien était aux portes du pays. Nous vivons des jours où un certain Covid-19 nous fait aussi passer par une certaine terreur, plus forte dans certaines régions que dans d’autres, mais le Président de la République nous a fortement rappelé que tout le pays est en guerre. Et nos grands voisins ne sont pas mieux lotis ; certains, comme l’Espagne et l’Italie, sont dans une situation nettement plus dramatique que la nôtre aujourd’hui.
Alors, laissons parler les prophètes. N’essayons pas de faire taire les Jérémie ou ceux qui parlent de la même façon que lui.
Il se trouve que nous supportons assez bien les discours de ceux qui nous mettent en garde contre le danger, mais que nous avons plus de mal à entendre les paroles qui dénoncent nos façons de vivre : une idéologie du bien-être qui favorise notre individualisme ; une accélération des rythmes qui nous essouffle ; une surabondance de miséreux à nos portes, tels les SDF de nos villes, bien incapables de se confiner pour mieux se protéger ; une invasion de la pub qui nous pousse à désirer toujours plus de confort et de biens matériels…
Que le temps de confinement imposé à ceux qui n’exercent pas de profession soit un temps de remise en cause, nourri par le jeûne et la prière. L’aumône n’est pas autorisée par le contact direct, mais il est toujours possible de verser de l’argent en ligne.
L’érémitisme infligé à ceux qui vivent seuls peut être un temps de purification. La promiscuité inévitable pour ceux qui habitent à plusieurs dans un espace restreint peut favoriser l’apprentissage de la patience, de la bienveillance, du pardon. De toutes les situations, avec l’aide de l’Esprit Saint, nous pouvons tirer des avantages dans l’ordre du Royaume.
Bon confinement, et bonne suite de Carême.
Michel Quesnel, prêtre de l’Oratoire à Lyon.