Le Carême nous y avait longuement préparé : c’est la figure de l’humble Serviteur qui nous introduit à la Semaine Sainte. Alors que un peu partout encore beaucoup montrent leurs muscles et font régner la violence, alors que l’Eglise elle-même traverse des moments de difficile remise en question, nous voici appelés d’urgence au service de la justice et de la vérité en même temps qu’à l’attention aux plus fragiles et à l’humilité.
Bien avant la venue de Jésus le prophète annonçait déjà la folle aventure de Dieu chez les hommes et l’incroyable réalisation de son projet pour la création tout entière. Rien n’est plus étonnant pourtant de retrouver dans ce personnage, et presque en détails, les paroles et les actes de Jésus lui-même, jusqu’au geste du lavement des pieds de ses disciples et jusqu’au don de sa vie sur la croix, en signe de la victoire de l’Amour sur le mal et la mort.
Pourtant, proclamer le droit et la justice, se mettre au service des petits et des pauvres, tout en reconnaissant ses propres fragilités, ce n’est pas l’apanage des chrétiens. Beaucoup qui ne sont pas même croyants s’y consacrent aussi avec grande générosité. Ne doutons pas que « soufflant où il veut » l’Esprit Saint apporte son soutien à ceux qui parcourent la terre en messagers de la paix et travaillent à bâtir un monde vraiment fraternel, quelque fois au péril de leur vie.
Mais se faire serviteur ou servante à l’exemple de Jésus et le suivre en Eglise sur ce chemin de vérité qu’est le chemin de la Croix, c’est sûrement faire entrer déjà l’humanité tout entière dans la joyeuse espérance de Pâques.
Paul Carpentier, prêtre de l’Oratoire à Paris