Je ne saurai imaginer le Saint-Esprit doter en une seconde les douze devenant apôtres du don de glossolalie, ni entendre la cacophonie résultante, mais par ce subterfuge, Luc montre que l’Évangile n’est pas réservé à un clan mais proposé à tous les peuples, à cette multitude pour laquelle Jésus est mort et ressuscité, Lui dont l’incarnation inévitablement dans un peuple s’élargit à l’humanité entière. 2000 ans plus tard, entendons-nous dans la diversité de nos langues ce message ? Comprenons-nous l’appel nous libérant de l’enseignement reçu, souvent erroné, aggravé par une lecture moralisatrice désastreuse ou un dogmatisme imposant des certitudes, qui tuent le doute inhérent à toute Foi, pour enfin retrouver la sève ? Entendons-nous cette Parole dans la diversité de nos cultures ?
Le Président Macron aux Bernardins, respectant totalement le principe de laïcité, a demandé à l’Eglise – idéalisant trop cette dernière – et donc aux catholiques, de témoigner de cette sagesse chrétienne « qui donne un cap à notre action, ce cap c’est l’homme », puis de s’engager, car la Foi se voit à nos actes au service de cet homme, dans «cette cohérence entre la pensée et l’action », vécue dans « une liberté questionnante » à laquelle il nous invite. Notre action citoyenne, humaine, notre vie intérieure, cette vie spirituelle doivent puiser, doivent se nourrir de cette Parole jaillissant de l’Évangile. Mais un Évangile dans sa dimension universelle et non prisonnier d’une uniformité imposée d’expression et de pratique qui non seulement le caricature mais détruit cet Esprit de Pentecôte où chacun entendait dans sa langue, dans sa culture, et donc dans la manière d’en parler et de célébrer.
Sur la place publique de nos quotidiens, entendons dans notre langue la Parole de l’Évangile, plus forte que toute loi, fut-elle d’Eglise ; à l’écoute de notre conscience éclairée par la Parole entendue et comprise.
Michel Dupuy, prêtre de l’Oratoire à la Valfine, Jura