La porte sud de Saint-Eustache, qui donne sur le jardin Nelson Mandela, est le seul accès qui me permette d’entrer dans l’église, car je fais partie du clergé à roulettes. Oui, ça existe, le Pape François n’en est-il pas le chef de flottille ? Donc, cet accès privilégié de plain-pied qui s’ouvre devant moi, pour entrer et pour sortir, a fait naître en moi une réflexion.

Au-dessus du portail sud, à l’extérieur, juste au niveau de l’entrée, entre les deux portes, se trouve une statue de la Vierge à l’Enfant, placée à cet endroit sans doute pour être gardienne de ce majestueux porche, et pour accueillir ainsi tout un chacun dans cette église, visiteurs, pratiquants, touristes, et donc, désormais, toute personne en fauteuil roulant.

Il est possible que les personnes qui passent par cette porte – ouverte aux beaux jours – ne remarquent pas la présence de cette statue, car elle est relativement modeste par rapport à l’écrasante architecture qui la domine, mais la Bonne Mère voit passer chacun d’entre eux, et déjà, elle les chérit et les présente à son Fils.

Et derrière Marie, sur le même porche, mais à l’intérieur de l’église, se trouve l’apôtre saint Jean. Ils sont dos-à-dos, après avoir été côte-côte au pied de la Croix du Sauveur. Et s’ils sont réunis dans une telle proximité, c’est dire combien le Christ est proche lui aussi dans son mystère de Salut. « Mère, voici ton fils, fils, voici ta mère ! » Leur présence à tous deux, Marie et Jean, constitue un mystérieux portail où les personnes entrant dans l’église, ayant à peine franchi le seuil, sont enveloppées du bienheureux mystère du Christ. La beauté de cet édifice, ainsi que sa majesté, sa luminescence, son élévation, dépeignent très bien la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur dont parle l’épître aux Éphésiens pour illustrer l’Amour du Christ.

Au portail, Marie accueille les visiteurs quand ils entrent, les présente au Seigneur, puis, Jean le bien-aimé accompagne leur retour vers le monde quand ils sortent. Il leur confie la mission de rejoindre le Ressuscité en Galilée, en allant le retrouver auprès de nos contemporains, au lieu-même où chacun de nous a été semé. La ‟Porte Sainte” de l’Espérance s’ouvre ainsi sur notre monde pour l’irradier, à travers nous, de la Lumière du Christ.

Jean-Marie Martin, oratorien