Noël, une des grandes fêtes du calendrier chrétien, occasion de nombreuses festivités et retrouvailles. Que nous dit-elle, cette fête ? Elle tourne nos regards vers un enfant, le « divin enfançon » chanté avec tendresse par tant de cantiques et autres chants traditionnels. Cet enfant s’appelle Emmanuel, comprenez : Dieu-avec-nous ou encore Jésus, comprenez : Dieu sauve.
Il naît dans la précarité et l’âpreté d’une nuit d’hiver peu hospitalière. Par là il entre dans toutes les nuits de nos vies, de la vie de nos sociétés, de la vie du monde. Et nous ne savons que trop le nombre et l’opacité de ces nuits ! Dans cette obscurité, Noël ouvre une brèche : celle de la lumière et de la vie. Dieu, dans l’enfant de la crèche, se rend présent à toute humanité. Il se partage. Il ne donne pas quelque chose, il ne fait pas de cadeau. Il se partage lui-même et il offre, à qui le veut bien, d’avoir part à sa propre vie.
Pour ce faire, une seule chose, au vrai, est requise : croire à l’amour. Non comme de doux rêveurs absents des soucis et maux du monde, mais comme des êtres éveillés et lucides. Lucides mais pas désespérés. Des êtres touchés par l’amour et la puissance de l’amour. Des êtres qui croient que la paix est un combat qui vaut la peine d’être mené sans faiblir alors que nous pleurons tant de guerres et déplorons tant de morts et de vies brisées. À Noël nous accueillons le Roi de la Paix et, tous et toutes autant que nous sommes, nous devenons ses ambassadeurs : « Heureux les artisans de paix ! ».
L’enfant de la crèche n’est que faiblesse. Devenu homme fait, il n’aura jamais recours aux démonstrations de force. D’un bout à l’autre de sa vie, il choisira la voie du service, de la rencontre, dans l’amour. Il convoquera chacun à puiser dans le meilleur de lui-même pour que le monde soit habitable pour tous et pour chacun.
Dans la Nativité déjà nous découvrons le Dieu qui ne sacrifie jamais l’humain mais, bien plutôt, se sacrifie pour lui. C’est là toute sa générosité, celle qu’il révèle en Jésus de Nazareth, le Verbe qui prend chair. Cette générosité peut être aussi la nôtre, à l’appel du Seigneur et avec sa force. Lorsque l’enfant paraît, il sollicite notre capacité à aimer. Ne la lui refusons pas !
Joyeux Noël à toutes et à tous !
Père Gilles-Hervé Masson, prêtre dominicain, vicaire à Saint-Eustache