Depuis début septembre dix tapisseries ornent la façade sud de saint-Eustache. Il faut s’arrêter pour y prêter attention, elles comportent un certains mystère, celui des hommes et des femmes qui, vivant depuis des millénaires au sein de la nature, ont interprété les forces et les énergies vitales dont ils bénéficient comme autant d’êtres spirituels, bienveillants si on les respecte, dangereux si on les maltraite. C’est notre attitude face à la nature, dimension climat ou diversité biologique, qui est ainsi transposée : que faisons-nous de notre monde ? Ces œuvres sont celles de Nicolas Henry, artiste polyvalent dont le travail de base est la photo, qu’il a pratiquée dans le monde entier au sein de milieux divers, allant de la grande ville à la forêt profonde, et de l’association Up2green Reforestation : il a créé la série « Badijines » dont sont tirées les dix tapisseries de saint-Eustache.
« Un hiver, lors d’une résidence en Casamance, les esprits de la nature, des mises en scène avec une équipe locale d’initiés faites de la collecte le long de la côte de graines, de coquillages, de bois flottés, de croyances et de récits. Quand il demanda à son équipe Diola comment qualifier les images réalisées ensemble, ils lui parlent d’esprit, l’esprit du ciel, de la terre ou de la mer. Ce qui pour Nicolas Henry reflète des songes et la métaphore d’une harmonie avec la nature, est pour eux la matérialisation d’esprits vivants à honorer, à cultiver et à invoquer dans les différents moments de la vie … Pavoiser l’église Saint-Eustache offre une présence sacrée à ces esprits de la nature. Cette architecture abrite la plus haute nef de Paris et a été conçue comme une forêt. Il s’agit ici de (re)mettre la nature au centre du spirituel en écho à l’encyclique Laudato si du Pape François, qui nous engage à prendre conscience de la crise écologique et à agir. »
Le projet d’exposition à saint-Eustache était en projet depuis deux ans quand la Ville de Paris à proposé de l’intégrer à la Biennale Photoclimat dont elle a proposé la direction artistique à Nicolas Henry. Au programme : un parcours d’expositions réunissant plus d’une trentaine d’artistes internationaux engagés ainsi que les acteurs majeurs de l’engagement écologique en France – ONG, associations, fondations – pour sensibiliser le public, notamment les jeunes générations, à l’urgence de la question climatique.
« La Biennale Photoclimat accompagnera la révolution verte en nous émouvant et en nous faisant rêver, elle nous proposera les outils d’un changement de vie tourné vers l’innovation et le vivre ensemble face à la crise climatique annoncée. » nous dit Nicolas Henry.
Jacques Mérienne, prêtre du diocèse de Paris
Exposition biennale sociale et environnementale de Paris
Du 18 septembre au 17 octobre 2021, un parcours d’expositions en plein air
Photo : © Nicolas Henry – photoclimat.com