Photo de Florence Carillon
Dans une Semaine Sainte « normale » le samedi Saint est le jour de l’absence : les apôtres après la passion ressentent l’absence de Jésus, et nous faisons comme eux… dans la liturgie. Il y a triche, nous jouons une absence dont nous savons le terme rapide, alors que pour beaucoup de nos contemporains cette absence est patente sans aucun recours à quelque liturgie que ce soit. Jésus n’est rien dans leur vie, pour eux c’est cela la normale et ils n’en ressentent pas de manque, Jésus est absent tout le temps. En ce temps de sevrage liturgique pour cause d’interdiction de rassemblement nous nous trouvons en phase avec nos contemporains non-croyants puisque les mots de la liturgie ne sont plus disponibles en direct ; nous n’avons que nos mots à nous pour exprimer cette absence, les mots que nous utilisons pour parler de nous, de nos joies et de nos espoirs, de notre peur peurs et de notre courage. Cette parole vraie ne fait pas la leçon, elle ne s’adresse pas vraiment à autrui car elle naît en chacun comme une parole originale qui ne concerne que soi, elle naît de l’étonnement d’être au monde et du désir profond d’exister en tant qu’être unique, certes avec l’envie que cela plaise aux autres, qu’ils y reconnaissent une expérience de vie authentique, et qu’ils tentent alors d’entrer en dialogue, paroles échangées dans l’écoute mutuelle qui définissent peu à peu un langage qui loin d’uniformiser nos visions du monde, met en valeur la liberté de chacun, liberté de croire, liberté d’aimer, liberté d’être soi-même.