On mesure mal la portée de ce qui est annoncé à la Pentecôte. Au mieux, on la relie à une prouesse langagière. On oublie souvent qu’après ce célèbre et spectaculaire passage des Actes des apôtres, le même jour, dans la foulée des langues de feu et des langues des hommes, Pierre s’adresse pour la première fois seul à la foule, pour lui parler de Jésus-Christ. Et d’un Jésus-Christ ressuscité et vivant, bien qu’invisible. Suite au discours de Pierre, dit-on, 3000 âmes se convertirent.
Auparavant c’était la rencontre physique avec Jésus qui faisait des disciples. C’est désormais une parole qui s’échappe de la bouche des hommes, un témoignage. Avec quelque chose de plus. Jésus l’avait dit, juste avant la Croix, sans moi vous ne pouvez rien faire (Jean 15,5). Nous sommes ainsi invités à croire que c’est l’Esprit de Jésus qui s’exprime dans les paroles de Pierre.
Nous le lisons ensuite : cet Esprit de Jésus se communique aux autres esprits. Il s’installe en chacun. Ce don de Dieu que prophétisait Jésus à la Samaritaine, c’est Dieu qui donne Dieu à chaque homme.
La Pentecôte est une invitation à se considérer soi-même à la lumière de l’Evangile comme habité désormais par Dieu.
Nous est alors révélée en ce jour une nouvelle Incarnation, ou plutôt un prolongement inouï de l’Incarnation, qui fait naître le Fils de Dieu, non plus dans une étable, comme à Noël, mais au centre de notre être. Une naissance en nous, qui, comme la naissance en la terre a transformé le monde, peut nous transformer. Cette Pentecôte, c’est tout ensemble notre Noël intérieur et notre Pâque intime. Tout ensemble naissance et résurrection. Vivre de la Foi, ce n’est pas adopter ni suivre une morale, ou encore une philosophie ; pour voir si vous êtes dans la Foi, écrit saint Paul, éprouvez-vous vous-même : ne reconnaissez-vous pas que Jésus Christ est en vous ?(2Cor, 13,5). En nous Dieu fait sa demeure. Depuis la Pentecôte, nous sommes avec Dieu comme avec un ami très cher et bien proche.
David Wahl, paroissien à Saint-Eustache