Les paroissiens de Saint-Eustache ont été consultés par un questionnaire – réalisé sur la base du document d’octobre de l’Assemblée synodale – et qui tenait compte des spécificités de Saint-Eustache. Il avait été remis avec la FIP et posté en ligne. Un édito et une annonce à la fin des 3 messes du week-end du 16-17 mars annonçaient l’opération qui s’est prolongée le week-end suivant, sans annonce spécifique. Le groupe de préparation du synode comprenait 2 laïcs, 2 clercs et une des 2 pasteures de l’Oratoire du Louvre.
Le dispositif n’avait aucune commune mesure avec celui de 2022 : 10 semaines de collecte par ateliers et questionnaires réalisés par une équipe de 11 personnes auxquelles se sont ajoutées 18 bénévoles. Il n’était pas non plus porté par la médiatisation intense qui avait accompagné la première consultation. Rien d’étonnant donc que le résultat ait été moindre en 2024 (35 participants paroissiaux) qu’en 2022 (186 personnes). Il faut néanmoins tenir compte de la volonté d’aller davantage vers les jeunes, via le groupe « Jeunes adultes » (10 personnes) qui y a consacré une réunion et vers les sdf via Xavier du Boisbaudry (8 personnes consultées). Le résultat final, 53 personnes consultées, va donc au-delà de ce que l’on pouvait imaginer et témoigne d’une attente forte de synodalité.
Résultat des questionnaires
Œcuménisme
1 – Les paroissiens ont plébiscité à 100 % l’idée d’une célébration œcuménique des 1700 ans du Concile de Nicée avec la paroisse protestante de l’Oratoire du Louvre avec, la plupart du temps, des exclamations positives (Excellent, bravo, c’est indispensable) ainsi que la proposition d’échanges préalables avec nos amis protestants destinés à mieux connaître l’histoire, la culture et le fonctionnement de la communauté protestante. (33, soit 94%)
- Certains ont fait remarquer que les manifestations ou conférences envisagées gagneraient à avoir leur réciproque mais ils ont surtout avancé que l’œcuménisme ne se limitait pas à l’Église protestante.
- Plusieurs (5) ont cité les orthodoxes, certains (3) les Églises de rite oriental. Une célébration devrait, pensent-ils, les associer.
Le groupe jeunes adultes (GJA) est enthousiasmé par l’idée et les personnes à la rue sont elles aussi d’accord pour cette initiative en souhaitant un élargissement, notamment aux orthodoxes.
Pour les jeunes, les personnes précaires et les personnes « non-initiées »
La suggestion d’introduire des espaces pédagogiques au cours de la messe afin d’en faire comprendre le sens et de mieux intégrer les personnes suscite un rejet, ce qui rejoint la position du groupe Jeunes adultes. Même les personnes qui y sont favorables modulent leur acquiescement (pas toujours, avant ou après la messe… ). Les personnes à la rue sont divisées sur cette idée mais l’idée sous-jacente – faire comprendre la liturgie – est là aussi perçue comme utile : « beaucoup de pratiquants en auraient besoin ».
Plus surprenant, l’idée d’intégrer une personne de la rue à l’équipe d’animation pastorale ne recueille que 60 % de suffrages. Peut-être faut-il y lire un malaise par rapport à une présence « ès qualités ». En tous les cas l’élargissement aux jeunes et aux personnes à la rue fait ressortir une différence de sensibilité : Le groupe Jeunes adultes, à l’inverse, l’estime nécessaire afin de « donner la parole à ceux qui ne sont pas entendus, pas consultés ». De leur côté les personnes à la rue y sont toutes favorables.
Pastorale, relation clercs laïcs au sein d’une vision pastorale et mission
La proposition de faire apparaître de façon explicite lors d’une célébration avec envoi public des « missions » spécifiques, comme le catéchuménat, la préparation aux sacrements (baptême, mariage) est approuvée à 78 %.
Les personnes à la rue y sont favorables à 100 pour 100.
Le GJA ne s’est pas prononcé directement sur cette question mais il a cependant largement évoqué la question des ‘missions spécifiques’ souhaitant qu’une plus large publicité leur soit faite et que des rencontres multiples entre acteurs (par pôle ou pas, tous ensemble ou pas) soient organisées dans le souci de faire communauté.
L’idée d’associer des laïcs à la prédication d’un clerc ou de leur confier l’homélie recueille les mêmes suffrages (75 à 82%). Il est simplement souligné que l’association des laïcs ne doit pas être contraignante pour le prédicateur et que, côté laïc, la question qui se pose est celle du choix et de la compétence! Le groupe Dialogue contemplatif se propose de mettre à disposition de l’équipe des clercs le fruit de sa méditation. Le groupe Vie de la Parole peut faire de même.
Le GJA insiste surtout sur la prédication par un laïc : cela s’est déjà vu, serait intéressant à réitérer, notamment avec des personnes extérieures, en formation ou déjà formées… Les personnes à la rue y sont favorables elles aussi mais avec une majorité courte.
Rendre compte régulièrement de la vie de tel ou tel groupe ou de l’EAP via une prise de parole directe est sans doute une des propositions qui recueille, outre les 81 % de voix, le plus de commentaires positifs.
Le GJA a beaucoup insisté sur cet aspect en l’élargissant bien au-delà d’une simple prise de parole formelle mais en imaginant d’autres canaux et d’autres rendez-vous, les personnes à la rue y sont favorables à 75 %.
En revanche l’idée d’installer des laïcs dans les stalles est rejetée et, même lorsqu’elle est acceptée, l’est parfois avec réserve (pas toujours… pourquoi pas… pas primordial..).
Echo semblable chez les personnes à la rue : la moitié pour, la moitié contre. Cette proposition « ne choque pas » les jeunes adultes mais cette présence doit être cadrée et justifiée.
Relation clercs laïcs dans une visée pastorale
Le GJA ne s’est pas prononcé sur ces trois questions. D’une part parce que la sensibilité propre du groupe l’a amené à mettre l’accent sur d’autres sujets, d’autre part parce que le temps manquait Il n’est pas contre l’idée de poursuivre la réflexion.
La proposition de mandats limités (92%) est elle aussi plébiscitée, avec quelques commentaires, parfois sur le caractère souhaitable de leur non-renouvellement.
Les personnes à la rue y sont favorables à 100 pour 100.
La question des votes à l’EAP (66 %) ne fait pas consensus, certains précisant que ces organes étaient consultatifs, d’autres souhaitant « réserver » le vote à des questions très sensibles, d’autres enfin, voulant lui donner un caractère décisionnel. Les personnes à la rue sont divisées sur cette question
Quant à « rapprocher les aspects consultatifs et délibératifs de la synodalité » à l’EAP, au Conseil paroissial ou au CPAE,, si c’est une orientation éminemment souhaitable pour la plupart (75%) plusieurs personnes ont fait part de leur incompréhension face à cette suggestion. Du côté des personnes à la rue, on ne saisit pas la question.
Sur la place des femmes dans l’Église
Pour des raisons techniques, le GJA n’a pas eu la possibilité de débattre ce point mais le trouve important et est prêt à s’y investir.
Certains, une minorité, trouvent que « tout va bien » à Saint-Eustache, que les femmes y sont très présentes, à leur place, et que les initiatives spéciales déjà prises (femmes théologiennes, religieuses ou laïques formées prenant la parole pour l’homélie) suffisent. D’autres, plus nombreux, font valoir que le fossé se creuse de ce point de vue entre la société et l’Église et qu’il faut, sans attendre, promouvoir, de façon volontaire, la place des femmes, notamment pour les lectures, la distribution de la communion en mettant éventuellement l’accent sur leur égale dignité par un un mot général d’introduction …. Certains s’étonnent que le « groupe synode » soit si masculin ! Et plusieurs demandent une forme de parité dans les instances de gouvernance ou de conseil.
Il faut enfin signaler que plusieurs personnes – qui avaient pourtant rempli soigneusement le questionnaire – ne se sont pas engagées sur cette ultime question ouverte. Manque de temps ? Embarras ? La question mérite sans doute plus de travail que le simple temps d’un questionnaire.
On constate, chez les personnes à la rue, la même répartition que pour les paroissiens : certains disent tout va bien, d’autres souhaitent une meilleure répartition des charges et de la visibilité, certains se demandent : pourquoi pas des femmes prêtres, ce qui montre qu’une partie non négligeable de la réponse ne se situe pas au niveau paroissial.